Essai Zero Motorcycle DSR/X – Le trail survolté

il y a 2 ans Antoine Copin

La firme américaine, ancrée jusqu’au bout des fils dans le monde de la moto électrique, a présenté son nouveau modèle de trail tout terrain en Sicile. Curieux, nous l’étions bien évidemment. Conquis ? Voici la réponse…

À l’heure où les véhicules électriques sont préconisés comme notre seul et unique moyen de transport en devenir, Zero Motorcycles présente la nouvelle DSR-X. Surfant sur la conjoncture actuelle pour se placer en première ligne des innovateurs, la marque américaine est partie d’une feuille blanche.

La volonté de la marque est d’imposer ce modèle pionnier dans le segment des trails routiers/ all-road à bobinages. Zéro s’est ici inspiré de ce qui se fait de mieux dans le monde du trail thermique. Mais ne vous y méprenez pas, tout ce qui pourrait vous faire penser à un réservoir (à l’avant de la moto) est en fait un espace de rangement de 20 litres. Le centre de gravité est dès lors déplacé grâce à une grosse batterie de 17,3 kWh placée au plus bas. Si la conception de la moto est assez simple, son poids monte tout de même à 247 kg. Les ingénieurs de Zero ont fait de cette contrainte une force en abaissant le centre de gravité de la moto. Du coup, il est assez aisé de déplacer la moto à pied ou d’oublier qu’elle boxe dans la catégorie « poids lourds ». De plus, une marche arrière, rassurante pour les manœuvres les plus délicates, agrémente cette maniabilité bienvenue.

Ergonomie

Le look et l’allure de la moto sont deux points que Zero Motorcycles a travaillés dès le commencement de la conception du modèle en 2018. L’identité avant-gardiste s’appuie notamment sur un visuel épuré et élégant. Et toutes les informations sont distillées sur une dalle TFT très lisible par laquelle la navigation se gère intuitivement grâce à un unique commodo situé au niveau du pouce gauche. Un guidon bien haut et large, une bulle réglable en hauteur et une selle dont le dessin est bien défini, sont les éléments clés pour avoir une position droite et confortable. À l'arrêt, il suffit de maintenir le frein quelques secondes pour que la moto se mette en position Parking et maintienne le frein actif, à défaut de pouvoir couper le contact et d’enclencher une vitesse. La moto est encore équipée d’un régulateur de vitesse, bien utile pour gérer de la meilleure manière possible votre consommation énergétique, et de poignées chauffantes.

Vaste choix des modes

Une fois sur la route et après s’être rappelé que notre main gauche, amputée du levier d'embrayage, ne servira qu'à se cramponner au guidon large de la moto, les qualités routières de cette DSR-X se révèlent à chaque virage. La précision de la direction et les accélérations fulgurantes libérées par la motorisation électrique et le freinage autoritaire n’ont rien à envier à un trail thermique, dit classique. Cinq modes de conduites et plusieurs variations du traction control et du niveau de régénération de la batterie, permettent de s'adapter à chaque situation : Eco, Street, Sport, Rain et Canyon. Les modes Eco et Rain brident la puissance délivrée à la roue arrière et la vitesse max de la moto tandis que les modes Street et Sport délivrent toute la puissance du moteur Bosch en influant la régénération de la batterie. Les freins J. Juan seront dès lors mis à contribution à chaque entame de virage au vu de l'état de quasi roue-libre engendré par ces deux modes. Le mode Canyon, lui, combine le meilleur des deux mondes en accordant le couple maximal avec une régénération suffisante pour imiter un frein moteur naturel.

Précision chirurgicale

Une fois passé dans la déclinaison Off-Road du mode Canyon, la gestion de l'accélération pourrait se faire à l’aide de l’index et du pouce tellement la précision de la commande est significative. Les suspensions Showa contribuent aussi grandement à ce sentiment de facilité car leur long débattement de 190 mm permet d'asseoir la moto et d’amortir chaque pierre ou racine qui tente de déséquilibrer la machine. L’absence d’embrayage et de vitesse rendent cette approche hors-piste très accessible. Pour preuve : certains journalistes ont avoué qu’ils n’auraient pas été capables de grimper les côtes techniques que nous avons empruntées avec un trail conventionnel de même poids.

La question qui fâche

La DSR-X est équipée d’un tout nouveau moteur Z-Force 75-10X, dérivé de celui de la SRS-F qui produit un couple stupéfiant de 225 Nm et d’un bloc d’alimentation Z-Force 17,3 kWh. La transmission par courroie, qui n’effraie pas Zero en mode tout-terrain, est le seul élément qui fait du bruit hormis la centrale Bosch et son sifflement si caractéristique des moteurs électriques. Après un essai de 84 kilomètres tantôt sportif sur les routes sinueuses et tantôt en glissade sur les pistes, le niveau de ma batterie a chuté à 55% mais la firme californienne ayant choisi un itinéraire qui finit en descente, donc qui déclenche de manière presque continue la recharge active de la batterie, celle-ci me donnait une autonomie restante de 135 km. On est tout de même en deçà des 290 km d’autonomie annoncés. Certainement qu’avec une utilisation plus modérée et économe, le résultat serait différent. Le futur, c’est déjà maintenant, mais il est vrai, à un prix très élevé (26.775€). Cela s’explique notamment par des processus de développement extrêmement innovants qui, pour le moment, ne sont amortis que sur des produits en quantité limitée.

Conclusion

Les aficionados de l'électrique auront trouvé leur moto idéale pour voyager. Les autres seront conquis par son côté avant-gardiste. Mais tous ne peuvent que souligner la volonté de Zero Motorcycles de convaincre qu’une autre mobilité est possible (dans certaines conditions bien évidemment...).

Les +

  • Le couple
  • Le comportement routier
  • Freinage de qualité
  • La précision de la poignée d’accélération
  • Marche arrière

Les -

  • L’autonomie pas encore suffisante pour une baroudeuse
  • La recharge rapide en option
  • Le prix d’une production limitée

La Zero Motorcycle DSR/X en quelques chiffres

  • Type : électrique, refroidissement par air, brushless 48 V
  • Puissance : 75 kW (102 ch)
  • Couple : 225 Nm
  • Alimentation : batterie lithium-ion
  • Capacité batterie : 17,3 kWh
  • Temps de charge : 2 h
  • Cadre : treillis tubulaire
  • Suspension avant : fourche inversée Showa 43 mm, débattement 190 mm
  • Suspension arrière : Amortisseur Showa, débattement 190 mm
  • Frein avant : double disque J Juan, diamètre 320 mm, ABS
  • Frein arrière : disque, diamètre 265 mm, ABS
  • Poids : 247 kg
  • Hauteur de selle : 828 mm
  • Prix : 26.775€
Mots-clés: Moto

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