Essai Ducati Diavel V4 : diablement efficace

il y a 1 an

La Diavel passe définitivement du V2 au V4. Alors, est-ce le bon choix ?

En 2018, Ducati introduisait pour la première fois un moteur quatre cylindres en V de série dans sa gamme avec la Panigale V4. La Diavel hérite d’une transformation similaire. Mais pour elle, le bicylindre en V disparait purement et simplement du catalogue 2023, alors que les Panigale, Streetfighter et Multistrada conservent une version V2 en plus de la V4.

Petit régime

Profitant de son passage au V4, la Diavel a fait une cure d’amaigrissement. La Diavel 1260 S affichait autrefois 159 chevaux pour 244 kg. La nouvelle V4 développe 168 chevaux pour 236 kg. Un rapide calcul nous permet de comprendre que le rapport poids/puissance est à l’avantage du V4 (1,40 contre 1,53). Mais comment les Italiens ont-ils réussi cette chasse aux kilos ? Tout simplement en en gagnant 8 sur le châssis et 5 autres sur le moteur. Le cadre treillis tubulaire de la V2 a été remplacé par un cadre minimaliste en aluminium. Même si la nouvelle Diavel paraît aussi « monstrueuse » que sa devancière, ses dimensions sont plus compactes avec, par exemple, un empattement qui passe de 1.600 mm à 1.593 mm.

Ode à la joie

Reprenant dans les grandes lignes le look qui a fait le succès de la Diavel V2, la nouvelle venue garde des lignes épurées, s’accommodant toujours de son énorme pneu arrière. Ce qui saute aux yeux est le silencieux à quatre sorties, dignes d’un orgue, entièrement dédiées à l’expression du V4 !

Les suspensions sont composées d’une fourche inversée Marzocchi de 50 mm et d’un amortisseur Sachs. Les deux éléments sont entièrement réglables avec un débattement avant/arrière de 120/145 mm. Le système de freinage repose à l’avant sur des étriers Brembo Stylema 4 pistons avec disques de 330 mm. Le freinage arrière est assuré par un étrier flottant 2 pistons Brembo avec disque de 265 mm. Cette nouvelle Diavel adopte le moteur V4 Granturismo de 1.158cc dérivé de la Multistrada. La puissance annoncée de 168 chevaux à 10.750 tr/min s’accompagne d’une valeur de couple de 126 Nm à 7.500 tr/min. Une autre caractéristique de ce moteur est le système de désactivation des cylindres arrière, qui permet à celui-ci de fonctionner comme un bicylindre ou comme un quatre-cylindres suivant la situation. À l’arrêt, à bas régime et sous une charge réduite, le moteur fonctionne uniquement sur les deux cylindres avant.

Côté électronique, la Diavel V4 offre trois modes de puissance et quatre modes de conduite : Sport, Touring, Urban et le nouveau Wet conçu pour les surfaces à faible adhérence. Les Riding Modes permettent au pilote d'adapter la puissance du moteur et l'intervention des systèmes d'aide à la conduite (Ducati Traction Control en version cornering, ABS cornering et Ducati Wheelie Control) tant à la situation qu’à ses préférences. Cette V4 est encore équipée d’un régulateur de vitesse, d’un launch control et d’un quickshifter up/down.

Entre-Sambre-et-Meuse

C’est lors d’un sombre matin de mars que nous découvrons la nouvelle Diavel dans ses deux coloris proposés rouge ou noir. Les clignotants avant prennent place sur le guidon juste devant les commodos toujours rétroéclairés. Le tableau de bord n’est plus composé que d’un seul écran TFT couleurs. Les leviers de frein et d’embrayage sont réglables en écartement. Enfourcher une Diavel V4 est à la portée du premier venu. L’assise n’est qu’à 790 mm du sol et les 236 kg se relèvent sans grande difficulté. Le système Keyless est de mise et le V4 démarre gentiment sur deux cylindres. Quelques « coup de gaz » ne permettent pas de percevoir la transition entre le fonctionnement sur deux ou quatre cylindres. Replier la béquille latérale demande un peu d’attention car le repose-pied est dans le chemin, gênant la manœuvre. La météo pluvieuse nous impose logiquement de sélectionner le mode de conduite Wet. Sur un filet de gaz, nous empruntons les petites routes situées à l’est de la Meuse à hauteur de Godinne. Habituellement, cette région est un pur bonheur pour la balade en moto. Mais ce matin, c’est sous un crachin accompagné d’une température en dessous de 10°C que nous évoluons. Néanmoins, la Diavel V4 nous inspire confiance. Il faut dire que sous notre fessier, nous disposons d’une batterie d’aides à la conduite capables de dompter les 168 chevaux du diable. Il n’y a que dans les changements de direction serrés que le V4 fait preuve de mauvaise volonté. Tourner à moins de 2.000 tr/min n’est pas sa tasse de capuccino. En cours de matinée, le vent se lève et la pluie cesse. Les routes ont tôt fait de sécher, et j’en profite pour passer en mode Touring. La puissance n’arrive plus au compte-goutte, et je commence à m’amuser, prenant petit à petit la mesure de cette Diavel V4.

Le temps du plaisir

Après la pause de midi au bien connu carrefour de Celles, surmonté d’un panzer allemand symbolisant le point le plus à l'ouest de l'offensive von Rundstedt, nous reprenons là notre offensive sous un beau soleil printanier. Les choses sérieuses commencent avec le passage de la Diavel en mode Sport et nous redécouvrons ce que le mot Cruiser signifie pour une marque comme Ducati. Des suspensions fermes, des freins agressifs et le caractère « enjoué » du moteur V4, nous incitent à une dépense d’énergie fortement déconseillée par le code de la route. Malgré l’énorme boudin arrière de 240 et la géométrie un peu camionnesque, la Ducat’ se balance facilement d’un virage à l’autre. Les accélérations sont dantesques ! Dès que le tracé devient moins sinueux, nous nous calmons et reprenons notre train de sénateur conforme à l’utilisation d’une moto dite « cruiser ». Les kilomètres défilent avec éventuellement l’aide du cruise control, et nous avons tout le loisir d’admirer le paysage vallonné autour de Givet. Le V4 ronronne gentiment et s’accommode parfaitement de cet exercice.

Conclusion

Toujours aussi bestiale dans le look et dans le comportement, cette Diavel V4 peut aussi se montrer docile. Tout dépendra de l’humeur de son pilote ! Dans tous les cas, Ducati a réussi à conserver l’image « bad boy » élevé à la testostérone. Mission accomplie, donc !

Pascal Mouton

Les + 

Moteur V4

Look

Finition

Freins

Cruiser sportif

Les – 

Manipulation de la béquille latérale

 

La Ducati Diavel V4 en quelques chiffres

Moteur : V4 Granturismo à 90°, 4 soupapes par cylindre, vilebrequin contre-rotatif, à refroidissement liquide

Cylindrée : 1.158cc

Puissance maximum : 168 ch (124 kW) à 10.750 tr/min

Couple maximum : 126 Nm à 7.500 tr/min

Embrayage : Multidisque en bain d’huile à glissement limité, anti-dribbling

Boîte de vitesses : 6 rapports

Transmission finale : par chaîne

Cadre : monocoque et bras oscillant en aluminium

Suspension avant : fourche inversée Marzocchi de 50 mm, entièrement réglable, déb. 120 mm

Suspension arrière : amortisseur Sachs, entièrement réglable, déb. 145 mm

Frein avant : double disque flottant de 330 mm, étriers radiaux monobloc Stylema à 4 pistons, ABS en virage

Frein arrière : un disque de 265 mm, étrier flottant Brembo à 2 pistons, ABS en virage

Hauteur de selle : 790 mm

Poids (TFP) : 236 kg

Réservoir : 20 litres

Prix : 27.690 €

Mots-clés: Motos-Bikes Ducati Diavel

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