Reportage - Un trio Honda au pays du Porto

il y a 1 an

Honda n’en finit pas de décliner son twin vertical dans différentes versions. De sa légendaire Africa Twin à la version routière NT1100, sans oublier la CMX1100T Rebel, custom de son état.

Lors d’un mini trip de deux jours au Portugal, le constructeur japonais nous a proposé trois variations sur un même thème. C’est à Porto, sur les bords du Douro, que nous avions rendez-vous pour débuter ce périple au guidon de la CRF1100L Africa Twin - dans sa variante Adventure Sports - accompagnée de la NT1100 et de la CMX1100T Rebel. Découverte au dernier salon de Milan, la CMX1100T est la version Touring de la Rebel. Façonnée comme un Bagger, elle reçoit une tête de fourche Batwing et des valises rigides.

Au programme : deux journées de roulage entre Porto et Lisbonne, en passant par le Parque Natural da Serra da Estrela (Montagne de l’Etoile) qui couvre une superficie de 888 km² et comprend le sommet le plus élevé du Portugal continental à 1.993 mètres d’altitude.

La première moto dont je dispose est la Honda CRF1100L Africa Twin Adventure Sports DCT. Une machine que je connais parfaitement et que j’ai déjà eu l’occasion de tester en version basique avec et sans le DCT, en 2016. L’Adventure Sports apparue en 2018 se caractérise principalement par un réservoir plus grand (de 18,8 à 24,8 litres), des suspensions Showa EERA (à réglage électronique) et une meilleure protection avec une bulle réglable en hauteur. Ce trail de 250 kg (en version DCT) reste abordable pour le commun des mortels. Il suffit de démarrer le moteur et d’enclencher le DCT pour que la moto décolle sans à-coups en mode Tour. Le gabarit est rapidement maîtrisé et la machine se conduit aisément en ville, pourvu que l’on ait conscience de la largeur des valises en aluminium qui l’équipent.

Africa first

Nous quittons rapidement Porto pour rejoindre l’autoroute en direction de l’est. Un terrain de jeu où l’AT se sent à l’aise même si sa destination première est la piste. Il me faut d’ailleurs un léger temps d’adaptation pour m’habituer à la jante avant de 21 pouces. Même avec la bulle réglée au plus bas, la protection contre le vent est excellente et je peux rouler avec la visière ouverte. La position de conduite est seigneuriale grâce au confort des suspensions Showa EERA et au moteur d’une onctuosité remarquable pour un twin. Au bout d’une cinquantaine de kilomètres, nous quittons l’autoroute en direction de Marco de Canaveses. Nous allons maintenant nous diriger plein sud durant la majorité de notre itinéraire. La route se rétrécit et commence à serpenter entre de petits vallons. C’est à ce moment que je choisis de passer du programme automatique D au S2 plus sportif. La moto rétrograde plus rapidement et monte un peu plus dans les tours avant de passer le rapport suivant. Le transfert de masse est contenu grâce au système EERA qui veille. Pour le système de freinage, on peut toujours compter à l’avant sur un double disque de 310 mm pincé par des étriers 4 pistons à fixation radiale. Et l’ABS brille par sa discrétion.

Après avoir croisé le Douro que nous avons quitté ce matin, nous nous dirigeons vers Viseu que nous contournons pour arriver à l’entrée du parc da Serra da Estrela. Je viens de parcourir un peu plus de 200 kilomètres au guidon de l’Adventure Sports qui affiche une consommation moyenne de 5,2 l/100 km.

Rébellion à l’excès

Le passage de la CRF1100L à la Rebel est assez déroutant. Passer d’un gros trail à un custom comme la CMX1100 reste une expérience peu banale. La CMX1100 Rebel est arrivée en 2021 pour compléter l’offre disponible en Custom. Honda ne proposant jusque-là que la CMX500. La « grosse » Rebel reprend donc le même bicylindre de 1.084cc qui équipe l’Africa Twin. Néanmoins, celui-ci a été dégonflé pour passer de 100 chevaux (à 7.500 tr/min) à 86 chevaux (à 7.000 tr/min) et de 104 Nm (à 6.250 tr/min) à 98 Nm (à 4.750 tr/min). Ces chiffres collent plus à la philosophie d’un custom. Cette année, la CMX1100 se voit également proposée en version Touring avec une tête de fourche Batwing et une paire de sacoches rigides d’une contenance totale de 35 litres. La Rebel 1100 s’américanise un peu tout en offrant des capacités accrues pour le tourisme. La machine que je reçois est équipée d’une boîte manuelle. Le poids avoisine également les 250 kg (248 pour être plus précis) mais cette Rebel me parait beaucoup plus véloce que l’AT. Le centre de gravité est placé plus bas avec un empattement de seulement 1.520 mm. Par comparaison, celui de l’Africa Twin affiche 1.535 mm. Il y a bien la largeur des pneumatiques – 130/70 par 18 et 180/65 par 16 – qui entrave un peu la mise sur l’angle mais, à part cela, la Rebel se manie du bout des doigts. Bien calé sur la grosse selle évasée, je peux à l’envie accélérer en toute quiétude, le mode de conduite Sport étant sélectionné. Les repose-pieds ne sont pas, pour une fois sur un custom, placés trop en avant. La position de conduite reste cependant un peu hybride, mais pas désagréable. Quoi qu’il en soit, à mon grand étonnement, je suis facilement le rythme imposé par mes collègues roulant en Africa Twin et en NT1100.

Le plateau de Torre se dessine à l’horizon avec un point culminant se situant exactement à 1.993 mètres. Il est temps maintenant de redescendre vers Covilhã qui sera notre étape du jour. La descente est soutenue sur un rythme qui ne convient pas toujours à un custom. Dans ces conditions extrêmes de roulage, c’est plutôt la fourche qui fait grise mine en se vrillant légèrement sur les freinages appuyés.

Après une bonne nuit de sommeil, nous reprenons la route avec comme objectif, le centre géodésique du Portugal, à proximité de Vila de Rei, dans le massif de Merriça. C’est un sommet de 600 mètres qui offre une vue imprenable à 360° sur la région. Avant d’y arriver, je goûte une fois de plus au charme de la CMX1100T Rebel, mais cette fois en version DCT. Néanmoins, vous ne disposez pas en fonction automatique (AT) des menus S1, S2 et S3. Il vous reste toujours la possibilité de passer en fonction manuelle (MT) en utilisant le mode de conduite Sport. Il est temps maintenant de céder la Rebel. Celle-ci affiche 199 kilomètres au trip partiel et affiche une consommation moyenne de 5,8 l/100 km.

Retour au calme

Place à la NT1100 que j’ai découverte l’année dernière et avec laquelle j’ai effectué un périple de plus de 3.000 km entre la Belgique et le Pays basque. Autant dire que je connais déjà assez bien cette machine. Mais c’est avec un certain plaisir que je reprends son guidon. Il nous reste encore un peu de portions de routes tournantes afin que je puisse apprécier le comportement de cette NT1100. Avec cette moto, Honda a renoué avec le grand tourisme même si certains attendaient à sa place, une descendante de la Pan European. Mais le constructeur japonais a vu juste en dérivant cette machine de l’Africa Twin dont elle partage pratiquement le châssis, le moteur, et bien d’autres composants comme par exemple les freins. Avec sa bulle réglable en hauteur et ses différents déflecteurs, sans oublier ses poignées chauffantes, son régulateur de vitesse et ses valises rigides, la NT1100 peut tailler les kilomètres à souhait, son réservoir de 20,4 litres assurant les relais. Elle dispose comme sur l’AT d’un écran TFT couleur de 6,5 pouces connecté via Apple CarPlay ou Android.

Nous voici maintenant à Mação. Nous apercevons le château de Belver avant de descendre vers les berges du Tage où nous allons diner. La route devient plus rectiligne et l’horizon s’aplanit. Nous bifurquons gentiment vers l’ouest pour rejoindre la capitale, Lisbonne. La pluie fait son apparition. Gentiment, au début. Puis, au fur et à mesure que nous nous rapprochons de l’estuaire du Tage, elle redouble d’intensité. Et c’est sous une pluie battante que nous empruntons le Pont Vasco da Gama. Long de plus de 12 kilomètres, il a été construit en 1998 pour l’Exposition Universelle de Lisbonne. C’est le plus long pont d’Europe avec exactement 12,3 kilomètres.

La traversée se termine par notre arrivée au magnifique hôtel Myriad à l’architecture si particulière. Malgré la pluie, les 227 kilomètres parcourus au guidon de la NT1100 m’ont conforté dans mon avis concernant cette Touring. Avec une consommation moyenne de 4,7 l/100 km, elle affiche des prétentions justifiées. Il s’est déjà écoulé plus de 7.000 NT en Europe depuis l’année dernière, et elle est la deuxième moto de tourisme la plus vendue sur le même territoire !

Conclusion

À l’arrivée, nous avons pu apprécier le bicylindre Honda 1100 de trois manières différentes, sur plus de 600 kilomètres. Ce moteur est d’une polyvalence remarquable et s’adapte à toutes les situations. Et que rajouter au sujet du DCT ? Simplement que l’essayer, c’est l’adopter. Malgré cette bonne note, nous aimerions émettre un souhait : Mr Honda, pourriez-vous nous permettre de goûter à la quatrième déclinaison du twin 1100 que vous appelez Hawk 11 au Japon ?

Pascal Mouton

Honda NT1100

Les +

Confort

Equipements

Budget

Les –

Réglage de la bulle

 

Honda Africa Twin AS

Les +

Suspensions EERA

Polyvalence

Look

Les –

Paramétrage

 

Honda Rebel

Les +

Facilité d'utilisation

Valises

Look

Budget

Les –

Duo

 

Les Honda NT1100, Africa Twin AS, Rebel en quelques chiffres

Moteur : twin parallèle à 270° Uni-cam SOHC, 4-temps refroidi par eau, 8 soupapes, conforme Euro5

Cylindrée : 1.084 cm3

Puissance maximum : 100 ch (75 kW) à 7.500 tr/min, 86 ch (64 kW) à 7.000 tr/min (Rebel)

Couple maximum : 104 Nm à 6.250 tr/min, 105 Nm, 98 Nm à 4.750 tr/min

Embrayage : multidisque en bain d’huile

Boîte de vitesses : 6 rapports, DCT

Transmission finale : par chaîne

Cadre : double poutre + simple berceau dédoublé en acier, double berceau tubulaire en acier (cadre acier de type "diamant")

Suspension avant : fourche télescopique inversée Showa SFF-BP 43mm avec ajustement de la précharge, Idem + EERA Showa (AT), 43mm à cartouche, précontrainte réglable

Suspension arrière : bras oscillant monobloc aluminium avec Pro-Link et amortisseur SHOWA, Idem, Double amortisseur de type "piggy back", précontrainte réglable

Débattement av/ar : 150/150 mm, 230/220 mm, 140/95 mm

Frein avant : étrier à montage radial 4 pistons, double disque flottant 310mm, étrier monoblock 4 pistons à montage radial, simple disque flottant 330mm (Rebel)

Frein arrière : étrier simple piston, simple disque 256 mm, étrier à simple piston, simple disque 256mm (Rebel)

Hauteur de selle : 820 mm, 825/870 mm, 700 mm

Poids en ordre de marche : 238 kg, 240 kg, 223 kg

Réservoir : 20,4 litres, 24,8 litres, 13,6 litres

Prix : NT1100 :14.799 € (15.999 DCT) – Africa Twin AS : 19.149 € (20.249 DCT), Rebel : 12.249 € (13.249 DCT)

Mots-clés: Motos-Bikes Honda Africa
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