EDITO moto - Faux contact
La technologie faisant de rapides progrès, les poids lourds comme Kawasaki, Honda et BMW arrivent avec des modèles bien plus performants qui pourront convenir à certains motards dont la moto est principalement… utilitaire.
Pour convaincre le monde automobile de passer à l’électrique, les ingénieurs ont imaginé des voitures extrêmement puissantes, aux accélérations décoiffantes afin de pallier les aléas de l’autonomie et de la recharge. Au fil des ans, les voitures se veulent moins coûteuses et avec des possibilités de recharge de plus en plus nombreuses, quoique toujours marginales comme en atteste le nombre de bornes proposées aux automobilistes électrifiés. Bien qu’ouvert à toutes les formes d’énergie en matière de mobilité, je ne vois toujours pas comment le motard passionné que je suis arrivera à se déplacer d’un point A à un point B, sur une distance de 500 kilomètres, sans être confronté à un ou plusieurs problèmes de recharge !
Lors d’un grand rassemblement comme le TT d’Assen, qui voit converger des milliers de motos, quelles seront les solutions proposées pour que chaque motard puisse se brancher sur une prise de courant ? Je pense que les motos (ou scooters) électriques peuvent être une réponse cohérente pour certains, mais 90% de notre petit monde sur deux roues continuera à avoir besoin d’un ravitaillement disponible et rapide. Que ce soit en carburant fossile ou synthétique. L’idée lancée par Kymco en Asie, avec une possibilité d’échange de batteries en différents endroits est une solution intelligente et efficace pour les motards citadins. Mais c’est le genre de solution irréalisable en Europe par manque de conciliation entre le pouvoir, les associations et les riverains.
Ce qui m’inquiète aussi face à cette volonté d’électrifier à tout prix nos déplacements (autos et motos) se trouve au fond du panier de crabes dans lequel on veut nous jeter. L’Etat se nourrit de nos milliards de taxes et, pourtant, si demain chacun d’entre nous devient autonome en matière de déplacements et d’approvisionnement en énergie (panneaux photovoltaïques + batteries), nos élus continueront à percevoir leurs salaires mirobolants mais ne pourront plus rembourser les montants astronomiques engendrés par le trou béant qu’ils ont creusé au long du dernier siècle. Je m’interroge aussi sur la fin de cette histoire d’électrification de notre bonne vieille Europe. Le problème majeur résidant dans l’autonomie, ne serait-il pas cohérent dans un proche avenir d’augmenter le kilométrage de nos futures « piles sur roues » en bridant leur puissance et en limitant leur vitesse maximale à 90 km/h ? Ils y ont déjà certainement pensé ! Sombre avenir.
Philippe Hunin
Rédacteur en chef Moto Trends