Beau livre - Francorchamps: 100 ans de courses
D’où est venue cette idée d’un énième ouvrage sur Francorchamps, et ce même si c’était le centenaire ?
Christophe Gaascht, mon ami de toujours avec qui j’ai déjà écrit cinq ouvrages soit sur des pilotes ou des écuries belges, est né aux bords du circuit francorchamptois. Depuis son plus jeune âge, il a vécu toutes les épreuves qui s’y sont disputées. On peut même dire qu’il a été vacciné aux senteurs du bitume du circuit. Du coup, en bavardant avec ses voisins, les hôteliers de l’endroit, les commerçants du coin, ou encore différents pilotes, il a emmagasiné des tas d’anecdotes qu’il a eu un jour l’idée de reproduire dans un ouvrage qui sortirait à l’occasion du 100e anniversaire du circuit. Toutefois, en août 2020, suite à une rencontre avec Serge Dubois, l’éditeur, on s’est soudain mis dans la tête d’écrire l’histoire du circuit.
Ce qui explique sans doute l’arrivée à vos côtés de gars comme Pierre Van Vliet et Martin Businaro ?
Tout à fait exact. Avec Pierre et Martin, on était au cœur même de la course, tandis que nous, nous étions plus volontiers dans ses à-côtés. Du coup, et au vu de l’abondance de la documentation récoltée, vu l’appui inconditionnel de feu Nathalie Maillet ou encore de Sophie Delettre, bourgmestre de Spa, la décision fut prise de sortir trois livres. Une trilogie qu’on mettrait en parallèle et qu’on éditerait dans le même format que l’ouvrage que Christian Jupsin et Pierre Capart avaient décidé de sortir sur les ‘100 ans motos’ de ce circuit mythique qu’est Francorchamps.
Connaissant votre amour de la précision, que je qualifierais même de chirurgicale, je suppose que c’est à vous qu’ont été confiées les recherches devant être effectuées dans des ouvrages, magazines et quotidiens des années allant de 1922 à 1978 ?
Oui, en grande partie. Et ce sans oublier le travail de Christophe. J’ai eu la chance que la ‘Bibliothèque Royale’ avait déjà numérisé tous les journaux de l’époque. C’est ainsi que j’ai pu consulter une dizaine de journaux belges datant de ces années, mais également un quotidien français qui s’appelait ‘L’Auto’. Parmi ces quotidiens, il y avait ‘La Meuse’ qui, étant liégeoise, était beaucoup plus dithyrambique lorsqu’il y avait des épreuves à Francorchamps. Et Dieu sait s’il y en a eu ! Mais au-delà de ces recherches, il y a eu aussi une incroyable collaboration avec d’anciens pilotes ayant bagarré sur notre circuit national. Ces recherches ont aussi permis de découvrir certaines erreurs commises dans des ouvrages dédiés à notre anneau ardennais.
Loin de nous l’idée de vouloir dévoiler des anecdotes inédites présentes tout au long de ces trois pépites, ou mieux, de ces trois véritables bibles, mais y en a-t-il une qui vous vient d’emblée à l’esprit ?
1936 et 1937 furent des années où la pluie n'a pas épargné notre région. Du coup, question rentrée financière côté spectateurs, c’est le ‘bide’ le plus total. Pour éviter ce grave problème, un petit génie émet l’idée d’assurer les ’24 Heures 1938’ contre la pluie. Avec l’argent qui rentrera alors dans les caisses, certains administrateurs du RACB ébaucheront l’idée de racheter des terrains et de créer une montée peu après le départ. Manière de rendre aussi la course plus rapide, disaient-ils. Chose qui sera bientôt faite et que le journaliste Jacques Ickx, le père de Jacky, appellera ‘raidillon’ dans le journal ‘XXe Siècle’. Le lundi suivant, un de ses confrères reprend l’expression… et la légende est en marche.
Une dernière question. Comment pourrait-on résumer ce remarquable triptyque ?
Que ce soit dans le tome 1, qui va de 1922 à 1956, ou encore dans le 2, qui couvre les années allant de 1957 à 1978, l’année où l’on va mettre un terme au ‘Grand Francorchamps’ après l’épreuve des ’24 Heures’, on peut parler de deux ouvrages où c’est la petite histoire qui l’emporte. Une petite histoire truffée de photos inédites prises souvent par non-professionnels, des riverains, des anonymes. Des photos prises tout le long des 14,981 km que faisait à l’époque le circuit. Il faut savoir que les photographes professionnels avaient quelques endroits privilégiés pour prendre leurs clichés. Mais que, du coup, beaucoup de petits coins souvent même très spectaculaires étaient oubliés. Des endroits que connaissaient bien les gens de la région. Pour le tome 3, celui qui démarre avec le nouveau tracé de 6,947 km, l’approche, sans être exhaustive, est beaucoup plus émotionnelle et centrée sur des photos agrémentées d’un texte assez court. Au-delà, vous ne trouverez jamais de classements des épreuves. L’idée n’était pas d’aller dans cette direction. Et à 49 € par livre, on peut vraiment se faire plaisir pour les fêtes de fin d’année !