C'est un choix de luxe. Pour la première fois de l'histoire, la Belgique possède deux champions du monde absolu dans un des quatre championnats du monde FIA, les deux plus importants clairement après la F1.

Mais lequel des deux sera élu « RACB Driver of the Year » et succèdera ainsi à Sarah Bovy le mois prochain lors des Awards du Heysel ?

Un choix très difficile car les deux clairement le méritent. C'est un peu comme à l'époque devoir choisir entre Messi et Ronaldo pour le Ballon d'Or.

Si l'on pouvait, on attribuerait le trophée aux deux comme en 2018 quand le jury avait décidé d'unir Thierry Neuville et Nicolas Gilsoul dans la même éloge contre la volonté de la fédération. Il faut en effet savoir que ce ne sont plus depuis longtemps les membres du RACB qui votent, mais bien un panel de plus en plus restreint de journalistes spécialisés dont nous avons décidé de ne plus faire partie pour diverses raisons.

Il serait bien de ne pas devoir choisir

Il est d'ailleurs étrange de constater sur le palmarès wikipedia que le RACB Driver of the Year 2018 est Thierry Neuville seul, sans son copilote. Mais bon il est vrai aussi qu'il s'agit du titre de « Driver of the Year » et non pas "codriver' de l'année. Une mention spéciale permettrait de souligner l'excellent travail de Martijn Wydaeghe aux côtés de Thierry.

Les trois titres de champion du monde précédant d'un pilote belge n'ont pas à chaque fois été couronné du titre de champion de Belgique des conducteurs (la précédente nomination).

Si en 1982, pour son premier sacre mondial en endurance, Jacky Ickx a bien reçu le trophée pour la douzième et dernière fois (un record), l'année suivante, malgré un second titre en Sports Prototypes, il a été (bien) coiffé par notre débutant en F1 Thierry Boutsen.

En 2022, lorsqu'il a été couronné en Formula E, Stoffel Vandoorne a été l'heureux élu. Vainqueur déjà à six reprises (dont les cinq fois où il a été vice-champion), Thierry Neuville n'a plus été couronné meilleur Belge depuis 2019. Outre Sarah et Stoffel déjà cité (plébiscité en 2020 et 2022), il y a eu Dries Vanthoor en 2021.

Cela prouve que s'il est toujours très populaire auprès du public belge, Thierry l'était peut-être moins parmi la presse.

Laurens Vanthoor, lui, n'a encore jamais décroché ce titre honorifique. Et même s'il a fait à une époque partie du RACB National Team, le pilote de Zolder n'entretient plus de bonnes relations avec la fédération. « Je n'irai plus jamais aux RACB Awards, » avait déclaré Laurens lors d'un podcast réalisé par lui-même l'an dernier. « Même si je suis champion... »

Le rallye plus médiatisé et populaire

Ce vote en fait est plus depuis des années une cote de popularité des pilotes belges. Et dépend clairement des journalistes présents, de leur intérêt et de leur langue maternelle sachant que les cantons de l'Est sont mieux représentés qu'au gouvernement...

Or on sait depuis bien longtemps que le WRC est plus suivi en Belgique que le WEC. Le nombre de réactions sur notre site après les deux différents titres belges le prouve. Et cela grâce ou à cause de la presse qui en fait clairement plus sur le Mondial des rallyes que sur le championnat du monde d'endurance. Il suffit de voir le nombre de journalistes belges présents à Bahreïn (2) et en Allemagne (7) ou au Japon (7) pour assister aux sacres annoncés de nos compatriotes.

Le championnat du monde des rallyes a toujours été très suivi dans notre pays alors que l'endurance a été complètement délaissée (à juste titre) lors des années moribondes de domination Audi ou Toyota. Cela ne fait que quelques saisons qu'on s'y intéresse à nouveau grâce à l'engagement du team belge WRT et de quelques pilotes belges, mais surtout à la nouvelle règlementation Hypercar. Cette année, ils étaient six lors de toutes les manches. C'est plus qu'en rallye. Idem pour les constructeurs engagés : neuf dans la catégorie de pointe d'un côté contre trois de l'autre. La concurrence était clairement plus relevée dans le Championnat du Monde d'Endurance.

Neuville a gagné Monte-Carlo, Vanthoor au pied du podium au Mans

Comme les épreuves routières avec le Monte-Carlo remporté par Thierry Neuville, le WEC a aussi son mythe, les 24H du Mans. Là où Laurens Vanthoor a échoué à quelques secondes seulement du podium. C'est peut-être ce qui fera la différence. Une victoire au Mans en plus du titre aurait sans doute fait pencher la balance en faveur du Néerlandophone.

De notre côté, ce titre n'étant de toute manière qu'honorifique, on associera Laurens et Thierry dans les mêmes éloges. Car il est vraiment impossible de dire en toute objectivité que l'un le mérite plus que l'autre. Cela se jouera donc en grande partie à l'affinité et à l'appartenance linguistique...

Ah comme on est content de ne plus faire partie de ce jury confronté à un choix cornélien...

                                                                                                     WEC/Vanthoor.       WRC/Neuville

Nombre de concurrents réguliers dans la catégorie                    18                           8

Nombre de marques officiellement présentes                               9                            3

Nombre de courses                                                                              8                           13

Nombre de victoires cette saison                                                       2                            2

Nombre de podiums                                                                            5                            6

Nombre de points d'avance sur le second                                       35                           32

Nombre de fois déjà élu « Driver of the Year »                                0                              6

Classement lors du monument de la saison                                    4                              1

Et vous, quel serait votre choix ?