Lors d'une interview accordée à BXFM en compagnie de Pascal Witmeur, j'ai été un peu surpris par une question de mon interlocuteur Pierre Chaudoir aimant lui aussi bien titiller ses invités. « Vous avez souvent critiqué le RACB. Et vous Olivier, quel serait votre programme si vous étiez élu président de la fédération automobile belge ? »

Je dois avouer avoir été quelque peu décontenancé. Je n'y avais jamais réellement pensé. Et ce n'est vraiment pas une fonction à laquelle j'aspire, rassurez-vous tout de suite. Je suis néanmoins fier de ma réponse quasi spontanée : « J'instaurerais d'abord un système d'élection du président par les licenciés. Si au bout de quatre ou cinq ans, ceux qui font le sport auto ne sont pas contents de mon travail, ils pourraient voter pour un remplaçant. »

J'ai ensuite repensé à la question. Aux autres choses que je souhaiterais améliorer, aux innovations que je voudrais apporter avec plus de 38 ans d'expérience en tant que journaliste mais aussi pratiquant amateur, collaborateur au niveau d'organisations ou père de pilote. Chaque année, je donnerais une conférence de presse pour présenter mon programme annuel, pour répondre aux questions et certainement critiques des médias. Car la communication est quelque chose d'hyper important quand on est à la tête d'une fédération. C'est un excellent baromètre.

L'accès au sport automobile est de plus en plus cher et difficile. Les étapes pour accéder au sommet paraissent de plus en plus insurmontables si vous n'êtes pas issu d'un milieu très aisé. Et la crise financière frappant notamment l'industrie automobile (encore plus après la pandémie) ne va, bien sûr, rien arranger. Les constructeurs ou importateurs investissent de moins en moins dans la compétition, les sponsors sont encore plus dur à trouver et même certains mécènes bien connus se montrent de plus en plus frileux. Il est donc important que la fédération belge, le Royal Automobile Club de Belgique, en prenne conscience et fasse tout ce qui est son pouvoir – et il est grand – pour assurer l'avenir et la succession des Jacky Ickx, Thierry Boutsen, Eric Van de Poele, François Duval, Jérôme D'Ambrosio, Thierry Neuville et Stoffel Vandoorne, mais aussi la pérennité de notre sport aux échelons provincial (nettement plus accessible) mais aussi national.

Voici la série de mesures que nous tenterions de prendre ou du moins sur lesquelles nous travaillerions si (ce n'est pas un rêve) nous nous retrouvions à la tête de la fédé pour succéder à François Cornelis, en place depuis 2002.

1. Un président élu tous les 4 ans par les licenciés

Pour des questions essentiellement de motivation et de démocratie, nous commencerions par revoir le système d'élection du président qui ne doit pas avoir les statuts d'un roi. Le système le plus juste à nos yeux serait un système d'élection tous les quatre ou cinq ans, comme le président de la République. Que les licenciés, les pilotes mais aussi les clubs, organisateurs, commissaires, représentants de circuits puissent voter pour leur président parmi deux ou plusieurs candidats. Si nous ne tenons pas nos promesses, on pourrait être remplacé après notre mandat.

2. Une conférence de presse annuelle

On organiserait tous les ans une conférence de presse lors de laquelle on présenterait notre programme de la saison, les nouveautés, nos idées et on répondrait aux questions des journalistes sportifs. La communication est un outil essentiel. Un mini discours annuel lors des RACB Awards (où l'on supprimerait le concept de carré VIP) n'est pas suffisant.

3. Développement du site internet et des réseaux sociaux

En parlant de communication, le développement du site internet du RACB Sport est capital. Nous nominerions un responsable de la communication chargé en priorité d'alimenter le site avec les résultats, les communiqués des pilotes, des organisateurs,... Nous serions nettement plus présents sur les réseaux sociaux que ce soit Facebook ou Instagram, un excellent moyen de rester connecté avec nos licenciés.

4. Création d'une application RACB résultats

Nous créerions une application sports moteurs belges accessible gratuitement pour tous les licenciés et vendues aux fans avec tous les résultats des épreuves belges et des licenciés belges à l'étranger. On pourrait par exemple aussi y trouver l'agenda sport auto du week-end et les liens pour tous les streamings.

5. Création d'une banque de données avec toutes les retombées presse écrite et audio-visuelle concernant le sport auto belge

Un service payant (moyennement un système d'abonnement) offert aux licenciés qui pourraient avoir accès à tous les articles de presse, toutes les images et les sons concernant le sport auto. Ce serait classé par date, nom et épreuve. En tapant son nom, un pilote pourrait obtenir ses retombées annuelles ce qui l'aiderait à constituer son press-book.

6. Communiqué de presse hebdomadaire sur les licenciés belges brillant à l'étranger

Tous les lundis, notre responsable de presse publierait un RACB News sur les exploits belges du week-end, par exemple sur les licenciés montés sur les podiums ou ayant fait retentir la Brabançonne partout dans le monde.

7. Création d'un comité de ceux qui font le sport auto belge

Il regrouperait deux fois par an, à l'initiative de la fédération, des pilotes encore en activité, des représentants de nos trois circuits (plus éventuellement un pour le karting), des organisateurs et des journalistes sportifs pour discuter de ce qui va, de ce qui ne va pas, des choses à créer ou à améliorer.

8. Création d'un comité des « bienfaiteurs » du sport auto

Afin de financer une partie de nos activités et projets, nous créerions un « Club » réunissant les mécènes ou grands sponsors du sport auto auxquels nous offririons, en contre-partie de leur aide financière, toute une série de privilèges comme des accès VIP à certains événements, des rencontres privées avec certains acteurs du sport auto, l'un ou l'autre déplacement sur des grands événements. En plus bien sûr, pour ceux ne souhaitant pas rester anonyme, de la visibilité.

9. Inciter nos ambassadeurs à aider les jeunes

Il est important d'inciter les anciens, ceux qui ont réussi et sont devenus professionnels, à aider la relève comme le fait par exemple Thierry Neuville avec son team Life Live et ses Cross Kart dont l'un a par exemple été confié à Kobe Pauwels. D'autres grands noms qui ont bien été aidés à l'époque pourraient céder le relais et tendre la main à nos meilleurs talents comme cela se fait dans pas mal d'autres pays. Pourquoi par exemple ne pas créer une bourse annuelle ou un prix Jacky Ickx ou Thierry Boutsen ?

10. Volant tous les 3 ou 4 ans

On n'organiserait plus de volant tous les ans (car ce sont toujours les mêmes qu'on y retrouve, certains se présentant trois ou quatre fois ce qui n'a pas beaucoup de sens) et surtout il serait réservé une fois sur deux aux non licenciés. Il est important aussi de donner une chance à des jeunes dont les parents ne peuvent financer ou trouver le soutien nécessaire pour une saison en monoplace ou en rallye. Mais il est aussi important de ne pas mélanger des pommes et des poires, des débutants avec des pilotes déjà expérimentés. On a vu la limite de ces volants au cours de la dernière décennie puisque seul jusqu'ici un pilote a réussi à devenir professionnel payé. Nous interdirions aussi, afin d'éviter les conflits d'intérêts, qu'un coach de candidat ou un manager fasse partie du jury. Quand une personne s'investit personnellement sur la sélection d'un candidat, qu'elle le conseille quelques semaines avant, il est logique (mais pas normal du tout) qu'elle veuille le voir gagner. Enfin, pour éviter toute discussion ou critique, le déroulement serait totalement transparent avec présence des parents et journalistes confinés dans une salle et publication en direct de tous les chronos comme cela se fait par exemple lors du Volant Winfield. Un volant féminin enfin, c'est bien (surtout quand on a un siège à la FIA pour les « Women in Motorsport »), mais c'est avant tout du marketing. Cela ne doit pas être répété si cela ne suscite pas de vocations. Il faut des vrais objectifs. Et puis surtout, on ferait le nécessaire pour que le pilote et le ou la copilote soit Belge !

11. Une bourse pour les licenciés internationaux non professionnels

En bonne collaboration avec l'ADEPS soutenant financièrement les élites sportives, un budget de soutien serait alloué, sur base d'un dossier et en fonction des résultats préalables, à tous les licenciés belges non professionnels (donc ne gagnant pas d'argent pour rouler) disputant un championnat à l'étranger. Nous voudrions offrir la licence pour la saison suivante aux Belges faisant retentir la Brabançonne à l'étranger. Et nous nous arrangerions pour que certains de nos compatriotes ne partent pas rouler sous d'autres couleurs.

12. Création d'un Challenge RACB

Un petit peu comme le faisait le Belgian VW Club ou encore aujourd'hui certaines grandes écuries automobiles, des aides financières seraient accordées selon un barème de points et de résultats marqués tout au long de l'année. Les meilleurs ambassadeurs belges non professionnels que ce soit en kart, rallye, Tourisme, GT, proto ou monoplaces seraient récompensés.

13. Création d'un centre d'entraînement sportif et mental

Si le marché belge n'est sans doute pas assez grand pour créer une véritable école comme la FFSA Academy, il serait tout à fait imaginable de créer un centre de préparation physique et mentale, avec également accès à un simulateur et coach professionnels, pour les jeunes pilotes aspirant à une carrière au plus haut niveau. Moyennant paiement bien sûr, ce centre serait accessible à nos meilleurs représentants et pas seulement aux membres du RACB National Team.

14. Soutien du Belcar et de la Fiesta Cup

Beaucoup plus cher que ce qui était prévu à la base, le TCR Benelux est vite devenu impayable et n'existe plus. Il est néanmoins toujours capital de soutenir les championnats nationaux. Si la VW Fun Cup réservée à tous les licenciés de tous les âges bénéficie aujourd'hui du soutien qu'elle mérite, ce n'est pas le cas de la Fiesta Cup (sprint) ni du Belcar (endurance) qui sont devenus moribonds et qu'il faut aider notamment en termes de communication et de (droits de) calendriers. Il faut absolument essayer de créer une passerelle entre les formules d'accès au sport auto et les plus grands championnats internationaux GT3. Un championnat formateur pour les jeunes avec des budgets ne dépassant pas les 50 ou 60.000 euros la saison comme se fait par exemple en Ligier Cup en France avec un classement Junior et une belle carotte à la clé. Une compétition nationale de GT4 devrait être envisagée.

15. Relance des 12H de Spa

Pourquoi est-ce que Creventic, une société néerlandaise ayant créé les 24H de Dubai il y a presque une vingtaine d'années et organisant aujourd'hui des épreuves d'endurance partout dans le monde, pourrait avoir réussi quelque chose impossible pour des Belges ? En mélangeant le BGDC, le TCR, le Belcar, il y aurait moyen de relancer une belle épreuve belge d'endurance pour voitures de Tourisme comme l'étaient les 12H de Spa. Pourquoi pas à l'initiative de la fédération ?

16. Mise sur pied d'un groupe de travail sur différents projets

Avec notamment le comité du ceux qui font le sport auto, on travaillerait sur la possible mise en oeuvre de différents projets comme la création de 24H de Spa Historic, le retour d'un véritable tour de Belgique reprenant les plus belles spéciales du pays, quelques courses de côtes, un slalom et des épreuves sur circuits pour en faire un super event sur trois jours ou encore un challenge des champions réunissant chaque année une quinzaine de pilotes belges sur différentes épreuves d'adresse et chronométrées à armes égales (karting, slalom, rallye, circuit).

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