24H du Mans : AutoTrends évalue les forces en présence

il y a 5 mois | Olivier de Wilde

La 92e édition des 24H du Mans réunira le week-end prochain 62 bolides représentant 14 constructeurs sans compter Oreca qui fournit l'intégralité du plateau LMP2. Qui sont les favoris, les outsiders, les forces et les faiblesses de chacun, les chances des Belges ? AutoTrends vous livre ses pronostics à la veille des premiers essais libres et qualificatifs de ce mercredi.

HYPERCAR

On parle de 9 constructeurs dans la catégorie de pointe. C'est juste, mais Isotta Fraschini est un artisan qui n'a clairement aucune chance de bien figurer et peut juste espérer devancer les meilleures LMP2 et remonter au classement au gré des abandons et soucis des huit grandes marques en lice, soit trois de plus que l'an dernier avec l'arrivée de BMW, Alpine et Lamborghini chacun avec deux prototypes.

Les favoris :

Porsche : C'est assurément la marque à battre, le constructeur détenteur du record de victoires au Mans. Porsche ne fait généralement pas les choses à moitié et après une première participation décevante l'an dernier pour les 963, la LMDh a bien évolué. Non seulement elle est plus compétitive et fiable, mais en plus elle compte six voitures (c'est le double ou triple des autres) avec les trois « usine » alignées par Penske et les trois clients (deux Jota et une Proton). La N°6 de notre compatriote Laurens Vanthoor, l'Allemand de Belgique André Lotterer (déjà trois succès en Audi) et le véloce Français Kevin Estre mène le championnat du monde et a déjà remporté les 10h du Qatar, tandis que Jota a démontré aux 6h de Spa qu'un proto privé pouvait aussi l'emporter.

On ajoutera que les 963 ont signé les deux meilleurs temps dimanche dernier lors de la journée de tests préparatoires. Tout les éléments semblent donc réunis pour pouvoir porter le record à 20 succès, le dernier de la marque remontant déjà à 2017 avec la 919 Hybrid de Bernhard-Bamber-Hartley.

Toyota : La marque japonaise a signé cinq succès de rang entre 2018 et 2022 et n'a été vaincue de justesse l'an dernier que suite à un accident et surtout un changement de BOP avant le départ. Les Nippons ont donc une revanche à prendre. Lauréats sous la pluie d'Imola, ils se sont montrés assez discrets en début de saison WEC afin, sans doute, de ne plus se faire plomber à la veille de la course et de pouvoir surprendre tout le monde au Mans, la course leur tenant le plus à coeur. Que deux GR010 au départ avec le remplacement en dernière minute du très véloce Mike Conway (blessé lors d'une chute à vélo) par José-Maria Lopez que l'équipe avait écarté du programme Hypercar fin 2023 pour laisser sa place à Nyck De Vries, un sérieux candidat à la pole avantagé ici par son poids plume. Cela reste du très costaud cependant pour un équipage de 24h avec des références comme Kobayashi, Buemi ou Hartley.

Ferrari : La 499P a créé une demi-surprise l'an dernier en remportant l'édition du centenaire. Elle a donc un titre à défendre. AF Corse aligne un troisième exemplaire, soi-disant privé pour le trio très véloce Kubica-Yé-Schwartzman sur la jaune. Cela fait donc clairement trois chances de succès. Attention toutefois, si les Italiens ont la vitesse, ils ne sont pas toujours les plus forts en termes de stratégies ni sous la pluie et quand les conditions sont mixtes. Ils espèrent donc une météo clémente. Le début de saison du représentant de Maranello n'a pas été celui escompté. Mais on se souviendra qu'à Imola et à Spa, les 499P étaient bien les plus rapides. Elles auraient même signé le doublé chez nous si la course n'avait pas repris au-delà des 6h...

Les outsiders :

Cadillac : Comme l'an dernier, la marque américaine aligne trois exemplaires de ses V-Series R avec des équipages de très haut vol. On se souvient qu'en 2023, malgré un début de course chaotique, une Cadillac était montée sur la plus petite marche du podium. Même si un seul exemplaire est aligné sur l'ensemble du championnat WEC, Cadillac a déjà montré de belles choses au Qatar et à Spa même si cela s'est malheureusement terminé par un gros crash. Cette LMDh à la sonorité facilement reconnaissable par les fans gagne aux Etats-Unis et peut donc clairement aussi jouer devant dans la Sarthe. Cadillac est la seule marque avec Porsche à aligner trois voitures officielles.

Peugeot : On a hésité à classer la marque au Lion parmi les outsiders tant les 9x8 manquent encore de fiabilité et de vitesse. Cachent-elles un peu leur jeu en performances pures ? C'est à espérer car lors du Test Day la meilleure Peugeot pointait à plus de deux secondes au tour. Dotée désormais d'un aileron arrière, la 9x8 a normalement été conçue pour être véloce au Mans. Mais on ose trop y croire tant la Française a déçu depuis son retour dans la discipline il y a un an et demi. On se souviendra cependant qu'elle a mené un court instant sur le mouillé en 2023. Des conditions compliquées pourraient donc leur être favorables.

Les rookies :

BMW : Le constructeur bavarois est de retour dans la catégorie de pointe 25 ans après son unique succès absolu. Mais on a pu constater depuis le début d'année que, même si elle a déjà roulé aux Etats-Unis l'an dernier, la V8 M Hybride n'est pas encore au niveau de ses concurrentes et incapable de jouer la victoire voire même le podium sur les plus courtes distances pour l'instant. Malgré plusieurs tests de 24h, la fiabilité n'est pas encore éprouvée comme on a encore pu le constater dimanche avec un changement de moteur en cours de journée. L'équipe belge WRT qui s'est déjà imposée au Mans en LMP2 a donc du pain sur la planche si elle veut se distinguer autrement qu'avec son originale livrée Art Car. Pas sûr que son savoir-faire et le soin apporté aux détails suffisent pour résoudre tous les problèmes d'un proto semblant un peu en-deçà.

Lamborghini : Les courses de très longues distances ne constituent pas la force de la marque de Sant Agatha Bolognese. La C63 n'est pas mal née. La pointe de vitesse est bonne et avec des pilotes de la trempe de Daniil Kvyat (7e au Test Day) ou Romain Grosjean, une bonne surprise n'est pas à exclure en qualifs. Mais c'est au niveau de l'opérationnel et de la fiabilité que les Italiens ont encore du travail pour espérer pouvoir ramener un trophée.

Alpine : Un bon châssis Oreca, une équipe Signatech expérimentée plusieurs fois victorieuse et un proto à priori fiable sont des éléments pouvant laisser espérer à la marque française un bon résultat à domicile. Sans doute pas sur un tour, mais au fil des heures, avec une bonne stratégie, on devrait voir les Alpine remonter dans le Top 10. Des quatre marques débutantes au Mans en Hypercar, c'est sans doute celle possédant le plus de chance de signer un bon résultat. Même avec 6 Porsche, 3 Ferrari et 2 Toyota, les places dans le Top 10 seront chères !

LM GT3

Quatorze voitures dans la même seconde sur quatorze kilomètres lors du Test Day, voilà qui augure d'une superbe bagarre entre les neuf marques engagées en GT3. La BOP est bien faite. Le système est efficace depuis longtemps en GT World. Ici, on est dans du Pro-Am et le pilote amateur (classé Bronze) joue un grand rôle puisqu'il doit rouler un minimum de 6h. Certains Bronze (dont nos deux compatriotes) possèdent déjà l'expérience du Mans et une pointe de vitesse digne de certains Silver. D'autres par contre sont très lents et plus propices aux accrochages car un peu dépassés par les événements ce qui condamne dès le départ certains équipages chez Corvette, Lexus ou Lamborghini.

Les favoris :

Porsche : Comme en proto, la marque allemande a de belles chances de succès en GT3 grâce au team Manthey, représentant officiel de l'usine, alignant la 911 des leaders du championnat Malykhin-Sturm-Bachler qui se sont bien cachés lors des essais préliminaires. La 92 a fait honneur à son rang de grande favorite depuis le début d'année grâce notamment à un pilote usse qui n'est pas un vrai Bronze.

BMW : Après la cata de Spa avec les deux M4 belges victimes collatérales de crashes, WRT compte bien se relancer au Mans. La victoire est clairement l'objectif des deux équipages qui peuvent compter sur l'expérience de pros comme Maxime Martin (déjà vainqueur en GT avec Aston Martin) et d'Augusto Farfus. Les Béhèmes sont bien balancées et auront à coup sûr une belle carte à jouer avec des équipages parmi les meilleurs et un Silver de la qualité de Valentino Rossi qui a toujours un peu plus de pression que les autres en raison de son incroyable popularité.

Aston Martin : Deux équipes différentes (Heart of Racing et D'Station) qui connaissent la musique, une GT3 et deux équipages bien balancés, voilà qui augure de belles choses pour une marque fidèle des 24h du Mans.

Les outsiders :

Corvette : En raison d'un pilote japonais vraiment trop lent, Corvette n'a qu'une réelle chance. L'équipe TF Sport possède pas mal d'expérience, mais ce n'est pas l'usine et depuis le début de saison on a constaté que la Z06, rapide sur un tour, connaît pas mal de soucis de fiabilité. Ce sera la clé pour la #81 de notre compatriote Tom Van Rompuy associé à Rui Andrade et Charlie Eastwood.

Ferrari : On a peu vu les 296 AF Corse aux avant-postes depuis le début d'année en WEC. Plus une question d'équipages que de BOP. Les Italiennes auront l'avantage du nombre avec trois invitées en plus de deux Vista habituelles. De quoi espérer au minimum un podium.

Lamborghini : Même privée de Doriane Pin, un atout de poids, les Iron Dames peuvent rêver du podium qui leur a échappé pour quelques secondes l'an dernier. La BOP de la Huracan Iron Lynx ne sera certes pas aussi favorable qu'à Spa où les filles ont joué de malchance, mais Sarah Bovy, Michelle Gatting et Rahel Frey peuvent clairement espérer voir la vie en rose ce week-end.

Les autres :

McLaren : La fiabilité reste un gros soucis sur 24h pour une marque qui s'est pourtant imposée au classement général fin du millénaire dernier.

Lexus : Championnes en Imsa avec Vasser-Sullivan, les GT japonaises ont du mal à s'illustrer en WEC. La faute essentiellement au niveau de leurs pilotes Bronze...

Ford : La marque à l'ovale est de retour dans la Sarthe pour fêter les 60 ans de la Mustang. Proton aligne trois exemplaires avec pour première ambition de rallier l'arrivée.

LMP2

La bataille va faire rage entre les seize protos LMP2 dont le meilleur peut certainement espérer intégrer le Top 10 final grâce à une fiabilité de loin plus éprouvée que celle des Hypercars. Difficile de dégager un favori. Là encore plus qu'ailleurs difficile de dégager un grand favori. Le rôle du 3e pilote, Bronze ou Silver, sera très important. Si l'on devait mettre une pièce, on miserait sans doute sur la 23 Autosport de Ben Keating, Ben Hanley et Filipe Albuquerque.

Que peuvent espérer nos 6 représentants ?

Laurens Vanthoor est en tête du championnat et vise clairement la victoire avec Porsche, la première d'un pilote belge quarante-deux ans après un certain Jacky Ickx.

Dries Vanthoor son petit frère a été bien malchanceux depuis le début de saison en Hypercar. BMW ne fait pas partie des favoris de sorte qu'une arrivée dans le Top 10 constituerait sans doute déjà un bon résultat.

Stoffel Vandoorne est monté sur le podium lors de ses deux participations au Mans, 3e au général derrière deux Toyota en LMP1 et deuxième en LMP2 avec Jota dans la même seconde que le vainqueur. Poursuivre cette série avec la Peugeot 9x8 s'annonce compliqué au vu de ce que l'on a observé depuis le retour des « Lionnes ». Là aussi un Top 10 semble plus raisonnable.

Sarah Bovy et les Iron Dames ont une revanche à prendre après être passées à quelques secondes du podium l'an dernier. Cela aurait été plus facile au volant d'une Porsche qu'avec une Lamborghini, mais ce n'est pas impossible non plus grâce à un bon « line-up ».

Maxime Martin en est à sa neuvième participation au Mans. Il s'est déjà imposé en GT avec Aston Martin et aura pour ambition d'emmener la M4 partagée avec Valentino Rossi et Ahmad Al Harty sur la plus haute marche du podium.

Tom Van Rompuy est monté sur le podium en LMP2 Pro-Am dès sa première participation l'an dernier. L'Anversois veut clairement goûter à nouveau au champagne sarthois. C'est loin d'être impossible même si la Corvette n'a pas fait preuve de beaucoup de fiabilité depuis le début de saison.

Les horaires des 24H du Mans

Mercredi 12 :

14h-17h00 : Essais libres 1

19h-20h : Essais qualificatifs

22h00-00h : Essais libres 2

Jeudi  13:

15h-18h : Essais libres 3

20h00-20h30 : Hyperpole

22h-23h : Essais libres 4

Samedi 15 :

12h-12h15 : Warm-Up

16h00 : Départ des 24H du Mans

 

 

Mots-clés: Endurance Sports Moteur
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