Cela fait des années qu'on le clame haut et fort et que l'on se fait passer pour un «casse-c... » voire même un misogyne. Mais quand on voit le niveau de compétitivité de championnats comme le WEC et l'ELMS, cela ne fait pas très sérieux de laisser des pilotes avec quinze, vingt, vingt-cinq trente kilos d'écart se battre en eux. Il est grand temps que les instances dirigeantes réagissent. Et légifèrent. Pour les voitures, on discute de millimètres, de millièmes, on peste quand on reçoit des lests de 5 à 10 kg et pour les poids des pilotes, on ne fait toujours absolument rien.

Verstappen: "Je viendrai au Mans quand ils règleront le problème du poids"

Lors d'une récente interview, Max Verstappen a abondé dans notre sens : « J'irai au Mans et en WEC quand on règlera le problème du poids des pilotes. Avec la règle actuelle, Yuki Tsunoda y volerait, ce n'est pas normal» explique le triple champion du monde habitué en F1 à ce que tout le monde roule au même poids. Comme partout en monoplace depuis le karting. « Même dans les courses de loisirs en karts 4 temps, il y a du plomb pour que tout le monde roule au même poids. C'est la base, » nous a un jour confié Jules Gounon, multiple champion en GT3 où là il y a un poids moyen par équipage.

"10 kg c'est entre 2 et 4 dixièmes au tour selon les circuits"

« J'ai perdu six kilos avant le Mans car là-bas dix kg c'est quatre dixièmes au tour, » nous a confié avant le départ Laurens Vanthoor. Imaginez dès lors l'avantage d'une jeune fille (très bonne pilote en plus) qui pèserait quarante-six kg casquées face à des pilotes de 75 à 80 kg comme la moyenne. "Doriane à un avantage d'1.2 au tour sur moi seulement grâce à son poids, "nous avait confié l'an dernier le vainqueur du Mans James Calado. Tous les ingénieurs le confirment. Le poids c'est l'ennemi. Cela a une incidence sur la performance au tour, en vitesse, à chaque accélération, mais aussi sur les freinages et la dégradation des pneus.

Demandez vous pourquoi la triple gagnante des W Series Jamie Chadwick n'est pas en F1. Ou pourquoi aucune fille, même pas Sofia Floersh, ne parvient à s'imposer en monoplace.

Et cela ne concerne, bien sûr, pas seulement les filles. Et surtout pas toutes. Très grandes, Sarah Bovy et Michelle Gatting ne sont pas avantagées et restent dans la moyenne. Mais ce n'est pas le cas des Dries Vanthoor (meilleur temps absolu au Mans), Yifé Yé, Nyck De Vries, Will Stevens, Reshad De Gerus, Louis Deletraz, Charles Milesi, Kamui Kobayashi, Robin Frijns, Malthe Jakobssen, Laurens Horr tous des fusées. Mais demandez leur un peu combien ils pèsent.

La FIA doit absolument et rapidement régler ce problème même si ce n'est pas évident pour des prototypes eux-mêmes pas tous au même poids (cela fait partie de la BOP) et des courses où les pilotes roulent à trois. Et même s'il y a un puissant lobbying de certains (en fonction des intérêts des personnes qu'ils supportent) pour que cela n'aboutisse jamais...

Publication d'une liste des poids

On pourrait imaginer un poids moyen par pilote et tous ceux qui seraient en dessous devraient embarquer du lest à côté de leur siège en montant dans la voiture. Comme cela se fait en karting. Ce serait beaucoup plus équitable. Et c'est faisable très vite, au moins lors des qualifications.

Pour mettre les résultats en perpectives, la FIA devrait au moins publier avant chaque meeting, le poids de chaque pilote avec son équipement.

En gros, on réclame vite une BOP par pilote, que tout le monde se batte au même poids, comme en boxe.

Il y a un an, nous avions organisé une course de kart dans un Indoor Karting, le WIK à Wavre, avec plus de 100 pilotes. Et nous avions décidé de mettre un coefficient correcteur (en fonction du poids de chaque pilote) à l'issue des qualifications. La hiérarchie s'en est trouvée fortement modifiée.

Une catégorisation plus juste

A ce propos, un gros coup de chapeau à Darren Leung, le pilote BMW WRT, qui, malgré quarante kilos de plus, ne pointait qu'à une seconde de Valentino Rossi au Mans. C'est sûr que celui-là n'est Bronze qu'en fonction de son poids car mettez le au même poids que Dries Vanthoor et il serait avec les pilotes pros. Au niveau des catégorisations des pilotes aussi la FIA a encore du boulot et devrait revoir son système. Le problème ne vient plus trop des Bronze qui n'en sont pas, plus ou franchement pas encore. Mais plutôt de nombreux Silver roulant aussi vite voire plus vite que des Gold. Allez un peu voir les chronos d'Esteban Masson ou Callan Williams. Et ce ne sont pas les seuls. De nombreux pilotes ont gravi les échelons en passant entre les mailles du filet et en étant sous-catégorisés durant un an ou deux. Ils deviennent alors la proie durant l'hiver des teams les plus fortunés qui les font rouler quasi gratuitement pour aller décrocher des victoires. L'Italien Lorenzo Colombo a ainsi décroché un titre pour Prema (acquis dès la publication des catégorisations de l'année) en ELMS en étant resté Silver malgré ses résultats en monoplace alors qu'il aurait dû être Gold. Et depuis deux ans, depuis qu'il a été upgradé, il a disparu de la circulation et n'intéresse plus personne...

Pour plus d'équité et rendre un peu plus de valeur aux pilotes Pro, on préconiserait juste un système Pro-Am. Et l'on interdirait aux Platinium (les pilotes officiels) de rouler en LMP2 ou GT en European Le Mans Series. Ou du moins, on appliquerait déjà à la lettre les critères établis sur papier. Ce qui n'est pas le cas, surtout pour pas mal de jeunes pilotes issus de la monoplace.

Voilà, c'est un gros chantier. Mais le niveau en Hypercar mérite franchement que l'on s'attaque à ce sérieux problème. Car demander aux pilotes de faire régime pour perdre dix kilos comme jadis les mannequins n'est pas une bonne solution.

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