A vendre : Un million d'euros pour l'Aston des vainqueurs des 24H du centenaire

il y a 4 mois | Olivier de Wilde

François Verbist, le team manager de Comtoyou Racing, nous livre quelques petits secrets sur le succès de la Vantage de Drudi-Sorensen-Thiim et avoue : « On avait abdiqué quand la Ferrari a été bloquée dans la pitlane. Moi j'aurais dit à mon pilote de pousser la Lambo quitte à prendre une pénalité. » Prochain objectif ? « Le titre en endurance ! »

Un an après les premiers contacts avec Aston Martin, le Comtoyou Racing a offert à la marque l'une de ses plus belles victoires. François Verbist, l'homme d'orchestre du team belge de Jean-Michel Baert, nous a fait quelques confidences avec sa franchise habituelle.

François, quand avez vous reçu vos Aston pour participer au GT World Challenge ?

« La première le 5 janvier et la quatrième une semaine après la première course du Castellet. On n'a pas compté nos heures les dernières semaines pour peaufiner la préparation. »

Combien de personnes travaillent à Gembloux sur le projet Aston Martin ?

« Trente-cinq. »

Quel est le support que vous recevez de Prodrive, le représentant officiel de la marque ?

« La voiture pro est intégralement financée par eux en échange de pièces et services. Les trois pilotes sont payés par l'usine. Nous avons une vraie reconnaissance. David Richards, le patron de Prodrive, a d'ailleurs suivi la qualification dans notre stand. »

Cette victoire est-elle la plus belle de votre carrière ?

« J'avais déjà gagné à deux reprises chez WRT. Mais celle-ci est spéciale car c'est une première avec Comtoyou, avec une nouvelle marque. Et puis surtout la concurrence est nettement plus relevée qu'il y a dix ans. A l'époque c'était WRT, VDS et parfois Phoenix. Aujourd'hui, dix équipes au moins peuvent gagner les 24H. »

En Super Pole, vous aviez signé le 7e chrono avant d'être pénalisé et de reculer au 11e rang. Pourquoi ?

« Car on serait sorti 6 dixièmes trop tard des stands. On n'a pas porté plainte, mais on aurait pu car on a constaté qu'il y a un décalage de quatre secondes entre les écrans du haut dans les stands F1 et les écrans du bas en endurance. L'heure de la direction de course n'est donc pas exactement la même que celle que l'on a sur nos moniteurs. »

La BOP de l'Aston Martin avait changé avant cette épreuve. Elle était plus favorable qu'au Castellet.

« Normal car au Ricard on perdait 10 km/h en ligne droite sur nos concurrents. SRO a fait son job. A Spa, Ferrari et Lamborghini étaient les plus rapides. Nous étions dans le match derrière avec Audi, Porsche et BMW. »

Qu'est ce qui a fait la différence alors ?

« C'est la combinaison de plusieurs facteurs. D'abord nos pilotes, réellement impressionnants, avec une terrible cohésion. Ce sont des machines de guerre. Avec une mention spéciale pour Mattia Drudi. Ils ont aligné les chronos avec une incroyable régularité. Ensuite la stratégie. Chez WRT par exemple, ils ont souvent hésité. De notre côté, on a à chaque fois décidé de rester avec nos pneus, en slicks sous la pluie ou plus longtemps en pluie. Cela nous a fait économiser des arrêts et cela s'est avéré payant au final. Les Full Course Yellow ont aussi joué un rôle. Ils peuvent fausser la course selon l'endroit où vous êtes sur le circuit quand ils tombent. Cela peut faire des écarts énormes. On a toujours pointé dans le Top 5-6-7. Et d'un coup on s'est retrouvé à un moment P14 sans avoir commis une erreur. C'est juste que nos rivaux avaient pu profiter d'une neutralisation qui est tombée mal pour nous, quand nous étions au Raidillon. On a mis 5 ou 6h pour revenir aux avant-postes après cela. »

Pour quel type de réglages avec vous opté ? Sec ou mouillé ?

« Entre les deux car vu le nombre de litres d'eau annoncés, on savait qu'il y aurait des voitures de sécurité. Finalement on n'a pas roulé tant que cela sous la pluie. »

Qu'auriez-vous dit ou fait si vous aviez perdu la course comme Ferrari, bloqué dans la pitlane par une autre voiture à moins d'une heure de l'arrivée?

« Alors il paraît que la direction de course n'a pas indiqué à temps que la pitlane était fermée. C'est une question de secondes. Je ne pourrais plus dire. On était un peu derrière et nous devions rentrer aussi mais nous avons eu l'indication sur les écrans. Maintenant si cela avait été ma voiture, j'aurais hurlé à mon pilote de pousser la Lambo, quitte à prendre une pénalité que j'aurais ensuite contestée en invoquant le cas de force majeure. Je ne serais pas resté une minute derrière sans agir. Cela nous est arrivé à Baku avec Audi. Stéphane Ortelli était resté bloqué dans l'entré de la pitalne derrière une auto qui avait arraché une roue et il l'a poussée jusqu'à son stand. Au moment où Ferrari a perdu la course, nous avions clairement abdiqué. On était déjà très heureux de notre deuxième place. Il n'y avait rien à faire face à la Ferrari qui était 3 à 4 dixièmes au tour plus rapide que nous. Nous étions plutôt dans le rythme de la BMW. Et le problème en GT3 est que lorsque vous êtes derrière une auto qui est même un ou deux dixièmes plus lente, vous ne parvenez pas à doubler car vous perdez de l'appui et donc des dixièmes en étant juste derrière car vous êtes déventé. »

Quel est le message qui vous a le plus fait plaisir ?

« Les embrassades avec Jean-Michel bien sûr qui me fait confiance à 100% même si on valide tout à deux. On a construit cette équipe Comtoyou en partant d'une feuille blanche en 2017. C'est un bel aboutissement. J'ai apprécié aussi que Chris Reinke, le responsable de la compétition clients chez Audi, soit descendu toute la pitlane pour venir me féliciter. »

C'est quoi le prochain objectif maintenant ?

« On se retrouve en tête du championnat GT Endurance et le but est d'essayer d'aller chercher le titre. On est tous très motivés. »

Et que va devenir l'Aston victorieuse ?

« Je l'ai mise en vente aujourd'hui sur des sites spécialisés. J'en voudrais un million d'euros, comme cela dans son jus. Peut-être qu'elle va intéresser un collectionneur. On a l'occasion d'en acheter une nouvelle pour la prochaine course. Je me donne trois jours pour la vendre.»

 

Photo: Gérard Tserstevens

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Mots-clés: Endurance Sports Moteur
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