Un jour après son premier succès aux 24H de Daytona, le héros belge Laurens Vanthoor nous a raconté comment il a vécu cette course dingue de l'intérieur.

« Honnêtement, tout s'est passé parfaitement. On n'a commis aucune erreur, ni de pilotage ni de stratégie, » explique le pilote de Zolder. « On n'a pas pris une seule pénalité et on a souvent pointé en tête. »

« Dries aurait aussi mérité la victoire. »

Pourtant au départ, Laurens a eu des craintes en voyant son petit frère s'envoler au volant de son Hypercar BMW. « J'étais déçu en voyant la BMW s'éloigner devant nous. Je me suis dit, cela va être mort. On n'avait pas le niveau pour rivaliser avec eux en début de course. »

Puis la compétitivité des Porsche 963 s'est améliorée au cours de la nuit, avec la baisse des températures. « On a pu combler l'écart et reprendre la tête. Mais en fin de matinée, quand cela s'est remis à chauffer, je craignais que l'Acura et la BMW ne soient à nouveau les plus fortes. Mais au final, nous tournions plus ou moins dans les mêmes chronos. »

Lors de la dernière relance, Laurens a-t-il dès lors été soulagé de voir son petit frère Dries endommager l'avant de son proto et perdre le podium suite à un freinage raté ?

« Bizarrement, non. Cela aurait été le cas pour tout autre adversaire, mais pas mon frère. Il méritait la victoire autant que nous et honnêtement j'étais triste pour lui. Je ne devrais pas dire cela sans doute vis-à-vis de Porsche, mais si je ne gagnais pas moi-même, j'aurais préféré que ce soit pour Dries alors. Il était fort déçu. Je le comprends. Il était au-dessus de ses équipiers ce week-end et il a voulu défoncer la porte avec son pied. Il tient plus de mon père...»

Consigne non respectée par Nasr

La BMW hors-course pour la victoire, Laurens a alors commencé à craindre une consigne d'équipe qui a fini par tomber. Penske a demandé à Felipe Nasr de rester derrière la voiture soeur, la N°6, et d'assurer le premier doublé pour la marque à Daytona depuis 1987. Pas question de se battre car l'Acura restait menaçcante juste derrière. Mais le Brésilien, heureusement pour nous, n'a pas respecté les ordres et, à vingt-deux minutes du drapeau à damier, est repassé en tête.

« C'était hyper stressant de suivre cette fin de course depuis le muret, » avoue Laurens. « J'aurais préféré être au volant de l'auto. Mais en tant que 3e pilote en IMSA, je savais dès le départ que ce ne serait pas le cas. J'avais totale confiance en Felipe. Il avait gagné l'année d'avant et nous avait dit qu'il se sentait capable d'aller plus vite que Matt Campbell. Mais j'avais peur évidemment qu'une consigne tombe... »

Heureusement pour lui, tout s'est terminé le mieux du monde pour l'équipage de la N°7. Et Laurens a pu décrocher la Rolex. « Ma deuxième en fait car j'avais déjà reçu la même après mon titre mondial à Bahreïn. Cela tombe bien. Je n'ai jamais acheté de montre de ce prix. Je préférais la gagner. Je ne suis pas spécialement amateur de montres. Mais ma femme aime bien cela. Donc maintenant, plus de dispute, j'en ai une pour elle aussi. Il ne m'en manque plus qu'une pour ma fille. Vivement les 24H du Mans, » plaisante notre compatriote en faisant allusion à son prochain grand objectif. « Plus sérieusement, je ne compte pas porter une montre de cette valeur tous les jours. Je vais plutôt l'exposer dans une vitrine, comme un trophée dans ma chambre. Elle symbolise l'accomplissement d'un de mes rêves.»