Vers une équivalence de poids pour les pilotes en WEC !

il y a 6 j | Olivier de Wilde

Vers un poids égal en qualifications, une moyenne en course.

Cela fait au moins deux ans que l'on frappe avec insistance sur le clou en réclamant une règlementation du poids des pilotes dans les championnats d'endurance comme le WEC et l'ELMS.

Il est totalement injuste dans des compétitions où l'on se bat à coups de dixièmes de ne pas tenir compte jusqu'ici de cet argument de poids. Comment expliquer que dans les tableaux d'équivalence et de Balance de Performances, on parle de lests de 5 ou 10 kg en Hypercar ou GT3 et que d'un autre côté on ne fait rien pour le poids des pilotes où il y a parfois une différence de 20 kg entre un pro et son équipier. « Au Mans, cela fait une seconde et demi, » regrette le pilote officiel Ferrari en Hypercar James Calado qui a récemment raconté avoir été hospitalisé pour malnutrition entre les courses du Qatar et d'Imola cette saison car il ne mangeait plus pour gagner du poids afin de réduire le handicap face à ses équipiers. « Je ne suis pas gros, aucun pilote n'est en surpoids, mais la taille a une grande importance. Et les petits sont clairement avantagés. »

C'est ainsi que certains pilotes tels Stoffel Vandoorne ou Norman Nato sont privés de qualifications. Et que des poids-plumes comme Kamui Kobayashi, Nyck De Vries, Louis Deletraz, Charles Milesi, Will Stevens, Reshad de Gérus, Dries Vanthoor ou encore des filles comme Doriane Pin (moins de 50 kg casquée) ou Lilou Wadoux possèdent un énorme avantage avec, selon les circuits, entre deux et cinq dixièmes dans leur poche, encore bien plus sur les 13 km du Mans, par rapport à des pilotes comme Raffaele Marciello, Maxime Martin, James Calado, Daniil Kvyat ou des gabarits normaux pesant entre 75 et 80 kg avec leur équipement.

10 kg c'est 2 dixièmes minimum

Tous les ingénieurs vous le confirmeront. En course auto, le poids c'est l'ennemi numéro 1 : Dix kg cela fait entre 2 et 3 dixièmes au tour à Francorchamps selon les catégories. En en plus de la perfo sur un tour, le poids joue aussi sur les longs relais sur l'usure des pneus et des freins.

Alors qu'en F1 les pilotes sont pesés avant et après chaque course avec un poids minimum égal pilote à bord, des stars comme Max Verstappen et Charles Leclerc ont déclaré qu'ils ne disputeraient un jour les 24H du Mans que lorsque ce problème serait résolu. « Sinon je veux Yuki Tsunoda comme équipier, » a plaisanté le bientôt quadruple champion du monde de F1. « Il fait 20 kg de moins que moi et irait plus d'une seconde au tour plus vite. »

Enfin devenu conscients d'un problème biaisant le niveau de performances et donc la quote de certains pilotes, les organisateurs du WEC et de l'ACO, en accord avec la FIA, étudient différents systèmes pour rééquilibrer tout cela. Le but est d'éviter que des pilotes ne soient poussés à des régimes à l'excès dans un monde professionnel où tourner à quatre ou cinq dixièmes des meilleurs temps de sa voiture vous met clairement beaucoup de pression et peut-être préjudiciable. Le poids est d'ailleurs aujourd'hui un élément intervenant dans le choix de certains teams. Ce n'est pas normal.

La règle la plus évidente envisagée est le poids minimum par pilote participant aux qualifications. Cela changerait déjà clairement la physionomie de la grille et le choix des pilotes participant à la qualification.

Un poids moyen par équipage ? Mieux mais pas l'idéal.

Pour la course, on se dirigerait vers un poids-moyen par équipage. S'il est inférieur par exemple à 80 kg, du lest serait monté à bord.

Exemple : Pilote 1= 60 kg Pilote 2 = 70 kg Pilote 3 = 80 kg. Moyenne de l'équipage = 70 kg dont 10 kg de lest seraient imposés dans la voiture.

Ce serait déjà plus équitable. C'est le système utilisé en GT World Challenge. Le hic avec cela est que les pilotes les plus lourds de l'équipage, dans notre exemple celui de 80 kg, roule avec un lest de 10 kg contre par exemple celui de 60 qui roule aussi avec un lest de 10 kg. Donc la différence de poids dans ce cas précis reste de 20 kg si ces deux-là se retrouvent en piste en même temps.

En GT Sprint, car il faisait équipe avec Darren Leung pesant plus de 100 kg, le pilote BMW Dan Harper par exemple roulait avec 17 kg de moins par exemple que Charles Weerts sur la même auto. Cela fait une sacrée différence !

Pour vraiment remédier au problème de la différence de poids, il faudrait, comme dans les courses de karting quatre temps, prévoir des bacs à plomb dans lesquels chaque pilote introduirait son lest personnel au moment de prendre son relais. « Si on est capable de le faire en karting loisirs, pourquoi ne serait-ce pas possible en championnat du monde d'endurance, » nous a un jour répondu le désormais pilote Alpine Jules Gounon qui n'a pas que le pied droit qui est lourd.

Lors d'une course de karting organisée l'an dernier au WIK, nous avions décidé de peser les 120 concurrents et d'imposer un coefficient correcteur en fonction du poids à l'issue des qualifications. Ce qui a complètement chamboulé la grille. Mais était certainement le système le plus honnête de juger les réelles performances de chaque pilote...

Nous sommes donc très heureux que la FIA et les organisateurs du WEC et des Séries Le Mans se penchent enfin sérieusement sur la question.

Vitesse maximale équivalente ? Ridicule !

Il est aussi question dans les changements de règlementation de limiter la vitesse de pointe qui devrait être équivalente pour tous les pilotes. Et pourquoi pas mettre des flashes avec des amendes si on la dépasse comme sur l'autoroute ? Sérieusement... Là cela devient complètement absurde et empêcherait même les dépassements en lignes droites, à l'aspiration. Des différences existent certes, mais sont aujourd'hui compensée par la BOP. Il y a des protos rapides en ligne droite et d'autres moins, mais qui rattrapent le temps dans les virages. C'est l'essence même du sport automobile. La BOP c'est bien, mais il faut éviter d'en arriver à l'équivalent d'une coupe monomarque. Sinon autant imposer le LMP2 comme catégorie reine avec tous le même moteur, le même châssis, les mêmes pneus,... Ce n'est clairement pas ce que veulent les constructeurs, les pilotes ni même les journalistes et les fans !

Photo Red Bull Pool

Mots-clés: Endurance Sports Moteur
Articles à la une

Vidéo


Veuillez accepter les cookies marketing pour voir les vidéos

 Ouvrir les préférences

Inscription à la newsletter

N'oubliez pas de vous inscrire à la newsletter

Je m’inscris