WEC : Laurens Vanthoor champion du monde? «Samedi sera le plus beau ou le pire jour de ma vie »

Dans quatre jours, on comptera peut-être, on croise les doigts, un troisième belge champion du monde FIA en voiture après Jacky Ickx et Stoffel Vandoorne. Et avant sans doute, trois semaines plus tard, Thierry Neuville.
Laurens, as-tu déjà calculé à quelle place tu dois terminer, samedi à l'issue des 8H de Bahreïn, pour être sacré champion du monde ?
« L'équipe l'a fait pour nous. Il y a pas mal de cas de figures bien sûr, mais dans la pire des situations, si la Ferrari ou la Toyota de nos principaux rivaux l'emporte, on doit terminer dans les huit premiers. C'est donc positif, mais contrairement à ce que prétendent certains, c'est loin d'être fait. »
Es-tu d'accord si on dit que tu as autant de chances d'être titré que Thierry Neuville trois semaines plus tard au Japon ?
« Je ne suis pas 100% au courant de la situation de Thierry. Je pense qu'il est pas mal. Nous aussi, mais il suffit d'un accrochage au départ ou d'un souci mécanique pour tout perdre. Mais il est certain que nous partons favoris. »
Pour être couronné chez les constructeurs, Porsche ne peut pas se faire battre au général par Toyota. Partez-vous dans l'idée d'assurer sagement une 4e ou 5e place vous garantissant la couronne des pilotes ou allez vous essayer de gagner pour empocher d'office les deux ?
« Très bonne question ! Je sais en tout cas déjà ce que Porsche nous demande. Si on est 2e derrière la Toyota de Kobayashi-De Vries, ils vont nous pousser à attaquer pour aller chercher la victoire et le titre des marques. Mais dans ce cas de figure, cela peut vite partir en couilles. Je ne vais pas te faire la réponse de presse de merde en te disant que le championnat des constructeurs est plus important. Même si Porsche est mon employeur. Tout le monde sait que ce n'est pas vrai. Dans certaines situations, il faut se montrer un peu égoïste. Mais honnêtement, j'espère qu'on ne se retrouvera pas dans ce cas de figure, confronté à ce dilemme d'assurer pour nous ou de devoir attaquer et risquer de tout perdre pour Porsche. »
Barheïn est-il un tracé qui vous convient ?
« Normalement oui. L'an dernier, on s'est loupé car la Jota était plus rapide que nous, mais on a compris pourquoi. Toyota a toujours été très fort ici, mais on devrait pouvoir rivaliser avec eux. »
Tu pourrais devenir le premier champion du monde d'endurance depuis Jacky Ickx en 1983, il y a 41 ans. Cela représenterait quoi pour toi ?
« Le plus grand accomplissement de ma carrière à ce jour. Comme je disais à ma femme ce matin, samedi ce pourrait être le plus beau jour de ma vie ou le pire. Si on n'est pas champion, tu ne dois pas m'appeler dans les trois prochaines années ! »
Remporter les 24H du Mans reste toujours pour toi un niveau au-dessus du titre ?
« C'est vrai que j'ai toujours dit cela. En fait c'est très proche. Par le passé, le championnat n'avait pas beaucoup de valeur. Mais cela a changé ces deux dernières saisons avec autant de voitures et de constructeurs. Donc au final, je dirais que cela se vaut aujourd'hui. Mais je peux déjà vous confirmer quel sera mon objectif prioritaire en 2025 si on est sacrés cette année. »
Question pour notre vote pour le Belgian Driver of the Year ? Qu'est ce qui a le plus de valeur ? Un titre mondial en WRC ou en WEC ?
« Cela n'a pas beaucoup d'importance car de toute façon j'ai dit que je ne viendrais plus jamais aux RACB Awards. »
Tu as déjà été confirmé comme pilote officiel Porsche en 2025 avec plus de travail puisque vous ne roulerez plus qu'à deux avec Kevin Estre lors des épreuves de 6h... C'est mieux sur le plan stratégique ?
« Je n'en suis pas sûr. Je n'étais pas le plus grand fan de cette idée. La décision a été prise par la direction et on va s'y conformer. De notre côté,on a essayé de conserver notre trio avec André Lotterer qui fonctionne très bien. L'avantage d'un duo est qu'on roule un peu plus en essais libres et qu'il y a moins de compromis à faire, c'est plus facile à gérer deux personnes que trois. Je dirais qu'on verra bien à l'usage. »
Dernière chose. Après avoir gagné Macau sur le toit, espères-tu cette année remporter la Coupe du Monde GT3 sur tes quatre roues ?
« Ah ah, cela commence à dater cette blague. Honnêtement, j'adore cette course à Macau et j'en fais le deuxième plus grand objectif de ma saison après le titre en WEC. On a des chances avec la Porsche engagée par l'équipe Absolute Racing et des ingénieurs de Manthey en renfort. Si c'était avec le team de Spa, je n'y serais même pas allé. On va essayer de faire un tout bon résultat, mais tu as vu le plateau ? Il y a de sacrés clients ! »
Voilà en tout cas une bonne raison de ne pas te mettre sur ta tête samedi soir ?
« A mon âge de toute façon on fait déjà moins la fête. Et puis je ne bois plus d'alcool. »
Ce qui ne signifie pas qu'il n'aime pas le champagne...