Beaucoup ces dernières semaines ont fustigé Lando Norris restant il est vrai sur une très mauvaise prestation sous la pluie au Brésil. Depuis la mi-saison au moins, le jeune Britannique possède la meilleure monoplace du plateau, mais le dernier doublé de McLaren remonte à Budapest.

Spécialiste des départs manqués, des poles non transformées, Lando « No Risk » comme le surnomment certaines mauvaises langues a-t-il développé une sorte de complexe Verstappen depuis leur accroc du GP d'Autriche lui ayant coûté très cher ? Peut-être. Alors qu'il possède pourtant une meilleure arme, il a perdu leurs trois derniers duels rapprochés.

Education à la dure face à un enfant trop gâté

Elevé dans l'ouate, le fils d'une Belge (sa maman est originaire de Saint-Nicolas) a toujours eu relativement facile dans sa carrière. Le patron d'un team de Formule Renault nous a raconté qu'il roulait trois fois plus que les autres durant l'hiver. Et dépensait fatalement trois fois plus d'argent. « Il a disputé l'équivalent de deux saisons en tests avant sa première année en Formula Renault. Il nous réservait des journées avec trois monoplaces. Une pour lui, une de réserve et une pour un pilote expérimenté payé lui servant de coache et de référence. »

Son papa a dépensé des millions pour l'emmener jusqu'en F1. Nettement plus que le père Verstappen qui a élevé son gamin à la dure, en le faisant rouler sans gants sous la drache à Genk quand tout le monde s'abritait à la cafet, en lui interdisant de dépasser en ligne droite ou en l'obligeant à retourner à la maison à pied quand il ne gagnait pas en karting.

Verstappen-Norris c'est un peu le combat entre un « bad boy » et un garçon trop bien élevé, la coqueluche des jeunes filles.

On peut imaginer que l'un a plus faim que l'autre, que l'un maximalise toujours le potentiel de sa monoplace, va chercher chaque point possible alors que l'autre en a clairement abandonnés en cours de route.

Beaucoup d'erreurs au départ

Lando Norris commet indéniablement plus de fautes que Max Verstappen. On se souvient de ses erreurs alors qu'il menait seul et sans réelle pression le GP de Singapour. Au total, on peut estimer que le Britannique a perdu 25 points de sa faute cette saison. On se souvient de son premier virage complètement manqué lors du sprint en Chine alors qu'il s'élançait pourtant de la pole, idem lors du GP de Belgique ou à Austin. Sans oublier son départ manqué en Espagne et la manière dont il s'est fait surprendre par son équipier Oscar Piastri lors du premier tour à Monza. Enfin, il y a eu ses deux erreurs lors des relances à Sao Paulo.

Nettement moins agressif que son rival et même que son équipier australien, Norris est limite trop tendre, trop gentil même dans ses déclarations. Un véritable oiseau pour le chat.

Mais il serait injuste de lui faire porter le chapeau de ce titre des pilotes sans doute perdu. Max compte en effet 62 points d'avance alors qu'il en reste 86 en jeu. Si Lando ne lui reprend pas minimum trois points ce dimanche, Verstappen coiffera sa 4e couronne consécutive à Las Vegas.

Car c'est surtout McLaren qui a commis des erreurs de stratégie leur coûtant une soixantaine de points. Au total, le delta avec Max avoisine les cent unités. Cela signifie qu'avec une bonne gestion du pilote et de ses ingénieurs, Norris pourrait compter aujourd'hui 40 points d'avance sur Max et envisager son premier titre. On en est loin, très loin même. Et Norris doit même désormais surveiller dans ses rétros le retour de la Ferrari de Charles Leclerc.

Les mauvaises stratégies de McLaren

Les bêtises stratégiques des «Papaye » ont débuté en Arabie Saoudite où Norris menait et a terminé finalement 8e en restant trop longtemps avec ses gommes et en pariant sur la sortie d'une voiture de sécurité jamais venue.

Nouvelle erreur du team à Silverstone où Lando semblait avoir fait le plus dur mais est rentré trop tard pour chausser les slicks. Au Canada, la voiture de sécurité est sortie au plus mauvais moment et a privé Lando de la victoire. Cela compense avec le succès chanceux de Miami où la situation avait été inversée.

On pourra encore discuter longtemps de la consigne de Budapest où il a été demandé à Lando de rendre la première place à son équipier Piastri. Ses sept points perdus ne changeront au final pas grand chose. Nous n'avons jamais considéré qu'il s'agissait d'une faute. L'Australien méritait sa première victoire et le team n'a fait que réparer une nouvelle erreur en demandant au Britannique de le laisser repasser en vue de l'arrivée.

Mais il y a eu une mauvaise gestion de la stratégie et des pitstops en Belgique où il n'y aurait fallu effectuer qu'un arrêt, en Italie où Piastri (le protégé de Mark Webber a plus le profil à nos yeux d'un champion du monde) n'aurait jamais dû attaquer son équipier de cette manière dans le premier tour et aurait dû lui offrir sa 2e place, à Bakou où jamais un prétendant au titre n'aurait dû se faire piéger ainsi par un drapeau blanc en Q1. Et que dire du Brésil enfin où l'équipe de Woking a totalement manqué de clairvoyance en faisant rentrer Lando 2e alors que le déluge arrivait avec d'importants risques de voiture de sécurité ou de drapeau rouge.

La gestion Piastri-Norris encore plus dure en 2025

On ajoutera encore les six points perdus à Austin suite au mauvais jugement des commissaires sportifs qui auraient dû punir Max autant que Lando pour être sorti lui aussi de la piste.

Bref, il est toujours facile de refaire la course après la course. Mais si Norris a certes manqué de hargne en quelques occasions et doit travailler ses départs (il serait super stressé et consulterait pour cela une psychologue), c'est surtout McLaren qui doit revoir sa copie sur la stratégie et la gestion de deux pilotes qui, en 2025, auront plus que jamais le même objectif : décrocher leur premier titre mondial. Voilà qui nous promet encore pas mal de plaisir et de tension au sein même d'une équipe dont le patron Zak Brown est aussi le manager du petit Britannique.Un double lien dont on parle peu mais qui pourrait poser problème à l'avenir...

Photo LPR Rixhon-Renard