Sans pluie ni gros crash, ce GP de Belgique 2024 a été sportivement très intéressant avec trois marques et cinq pilotes différents pointés en tête. Finalement, il aura fallu attendre le tout dernier tour pour connaître le verdict de la piste avec la victoire surprise, pour moins d'une seconde, de George Russell devant Lewis Hamilton. Un doublé Mercedes qui ne tiendra que sur la photo car deux heures après l'arrivée, coup de théâtre, Russell était déclassé après que les commissaires techniques aient pesé sa W15 1,5 kg en dessous du poids minimum règlementaire. Une vraie désolation pour le jeune Anglais. Oscar Piastri hérite donc du premier accessit, mais pouvait nourrir des regrets. Car l'Australien lui aussi aurait dû tenter la stratégie à un seul arrêt.

Cinquième en début de Grand Prix, derrière Piastri, George a tenté le pari un peu fou de n'effectuer qu'un seul changement de pneus. Premier des ténors à rentrer dans la pitlane au 10e tour, il aura réussi à boucler 34 tours de 7 km sur un seul train de pneus durs.

« On avait évoqué cette possibilité lors du briefing d'avant course et je l'ai demandée en course voyant que mes gommes ne se dégradaient pas trop, » expliquait le pilote Mercedes après avoir fêté ce qu'il pensait être la plus belle de ses trois victoires. « C'est incroyable ! La fin de course a été très chaude car je voyais Lewis revenir au grand galop mais j'ai réussi à bien gérer mes gommes et à le garder derrière moi. »

Hamilton: "Je voulais aussi ne m'arrêter qu'une fois..."

Prenant le meilleur sur la Ferrari du poleman Charles Leclerc dès le 3ème tour, Lewis Hamilton faisait la moue après l'arrivée...

« On revient de loin car vendredi on n'était nulle part. Bravo à George et à l'équipe, » confiait le Britannique cachant néanmoins mal sa déception. «La stratégie à un seul arrêt était la meilleure. Je l'ai demandée, mais on m'a dit de rentrer pour couvrir Leclerc. Ce que n'a pas fait George. »

S'agissait-il d'un geste délibéré de l'équipe voulant favoriser le pilote qui restera avec eux en 2025 ? Sincèrement, nous ne le pensons pas. Quand vous êtes plus loin au classement il est parfois permis, pour tenter de renverser la situation, de tenter un coup de poker. Ce qu'a fait Russell pour passer de la 5e à la 1ère place. Mais pour le même prix, cela aurait pu ne pas marcher. Mercedes a donc logiquement préféré ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier pour assurer une 3e victoire cette saison. Et au final, ils auraient dû décrocher le doublé, leur premier depuis le Brésil 2022. A un kilo et demi près... Russell ne méritait franchement pas cela.

« Quand je me suis retrouvé dans le sillage de George, j'ai surchauffé mes pneus et je n'avançais plus, » regrettait Lewis qui devra sans doute penser ce soir qu'il y a une sorte de justice divine...

C'est le même phénomène dont a été victime Oscar Piastri, revenu comme un boulet en fin de course et finissant dans le sillage de Lewis. « Quand je me suis retrouvé en tête, pas dans l'air pollué, j'avionnais. J'ai signé le meilleur tour en course et peut-être aurait-on dû nous aussi tenter le pari de ne plus s'arrêter. »

Encore une occasion manquée pour McLaren. Une écurie qui va bientôt devoir gérer la montée en puissance de ce diable de Piastri mettant de plus en plus de pression sur Lando Norris qui n'a pas fait un bon week-end et commis deux erreurs en course pour finir seulement sixième (cinquième après le déclassement de son compatriote) derrière son pote Max Verstappen sans rien avoir pu montrer.

Sainz chez Williams?

On savait que le poleman Charles Leclerc aurait du mal à conserver une place sur le podium à la régulière. Cela s'est confirmé (même si le pilote Ferrari sera classé 3e) mais le Monégasque s'est plutôt bien battu et a résisté jusqu'au bout aux deux leaders du championnat Max Verstappen et Lando Norris. C'est bien mieux que Carlos Sainz, sixième après deux arrêts aux 20e et 28e tours. Etrange comme stratégie. L'Espagnol est passé à côté de son week-end lui aussi, sans doute plus préoccupé par son avenir. Selon les dernières rumeurs, il aurait signé avec Williams avec une clause lui permettant de partir chez Mercedes ou Red Bull en cours de saison si un baquet se libérait. Cela devrait être bientôt annoncé.

L'insuffisant Pérez remercié ce lundi?

Tout comme le remplacement de Sergio Pérez qui, selon radio paddock, devrait tomber ce lundi. Deuxième sur la grille après la pénalité infligée à son chef de file, loin de Max une fois encore, le Mexicain n'a pas pu faire mieux que septième, soit dernier des pilotes des tops teams classés. Red Bull a donc encore une fois perdu des points sur McLaren. Et l'a vite fait dégager quand Max est revenu dans son sillage en le rappelant bien trop tôt dans les stands pour un deuxième arrêt sur une stratégie complètement nulle. Une preuve supplémentaire à nos yeux que le sort du vice-champion (désormais 8e du championnat) est scellé. Red Bull évaluera cette semaine à Imola Liam Lawson et Daniel Ricciardo (Yuki Tsunoda devrait rester chez Racing Bulls pour ramener encore de précieux points), mais il y a de grandes chances que ce soit l'expérimenté « Big Smile » qui vienne à la rescousse et soit chargé d'aider l'écurie de Milton Keynes à conserver le titre constructeurs.

Verstappen augmente encore son avance

Même s'il n'a pas vécu le meilleur des week-end en étant contraint de s'élancer onzième suite à une pénalité moteur, le triple champion du monde a tout de même réussi à remonter jusqu'au 4e rang et à inscrire de précieux points. Mieux encore, il a encore augmenté son avance au championnat passée à 78 points sur Lando Norris, soit plus de trois victoires d'avance.

Notons enfin que Fernando Alonso (Aston Martin), Esteban Ocon (Alpine) et Daniel Ricciardo (Racing Bulls) ont engrangé les derniers petits points.

On ne s'est pas ennuyé une seconde lors de GP de Belgique une nouvelle fois bien organisé. Même si l'on se serait bien passé de cet ultime rebond deux heures après l'arrivée. Cette année, on ne se moquera même pas de l'interprétation de notre hymne national.

Tout le petit monde de la F1 va prendre maintenant quelques semaines de vacances bien méritées. Mais on a hâte de connaître la suite, dès Zandvoort fin août.

Photo Romain Rixhon

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