GP du Brésil F1 : Verstappen au-dessus de l'eau, Norris et McLaren ne méritent pas le titre
Marqué par des conditions particulièrement difficiles, ce GP de Sao Paulo aura sans doute été le dernier tournant du championnat.
Dix-septième sur la grille après avoir été piégé par la sortie de Lance Stroll en Q2 le matin même (le Canadien a remis cela dans le tour de chauffe!), quinzième en réalité suite à l'absence aussi au départ d'Alex Albon dont la Williams n'a pu être réparée, un Max Verstappen impérial a véritablement marché sur l'eau pour signer son 62e succès en F1. Son premier depuis le GP d'Espagne le 23 juin dernier, mais surtout l'un de ses plus beaux.
Le pari stratégique gagné de Red Bull et Alpine
Il ne lui aura en effet fallu que quelques tours pour remonter au 6e rang. Puis, alors que Ferrari d'abord puis Mercedes et McLaren commettaient l'erreur de faire rentrer leurs pilotes pour chausser de nouvelles gommes pluie intermédiaires, Red Bull tout comme Alpine a décidé de rester en piste. Car avec le ciel devenu noir carbone et une averse redoublant on pouvait se douter qu'une voiture de sécurité allait sortir ou qu'un drapeau rouge allait être brandi. Et c'est ce qui est arrivé. Avec d'abord la sortie de piste de la Haas de Nico Hulkenberg puis celle de Franco Colapinto en essayant de rejoindre la queue de la SC après un changement de pneus.
Deuxième entre les deux Alpine au redépart à mi-course, le Belgo-néerlandais resta d'abord prudemment dans le sillage d'Esteban Ocon. Mais lors de la seconde relance après le deuxième crash du week-end de Carlos Sainz, il passa à l'offensive. Et tel Moïse, il se mit ensuite à marcher sur l'eau, la Red Bull N°1 s'envolant au rythme d'une seconde au tour.
Championnat plié, son 4e titre au Quatar?
Souffrant sans doute d'avoir l'impression que le monde entier est actuellement contre lui, Max a donné une véritable démonstration de pilotage dans des conditions extrêmes. Le garçon n'est clairement pas triple champion du monde pour rien. Et sa quatrième couronne consécutive pourrait désormais tomber dès le prochain GP de Las Vegas, voire au Qatar au plus tard. Max compte en effet 62 unités d'avance et il en reste 86 à distribuer. Les carottes sont cuites.
Et Lando Norris et McLaren ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes. En pole, le jeune Britannique a d'abord une nouvelle fois réussi à ne pas virer en tête. Il s'est donc retrouvé dans le « spray » de George Russell durant les trente premiers tours, incapable de le doubler sans DRS alors que Max remontait ses adversaires un à un.
Puis, Mercedes et McLaren ont eu la mauvaise idée de faire rentrer les deux leaders pour remettre les mêmes gommes mais neuves. Une grossière erreur stratégique. Car même s'il prenait le risque de doubler Russell sous le déluge, Lando se retrouvait au 4e rang au moment de la voiture de sécurité et d'un drapeau rouge plus prévisibles que la météo.
Une erreur à chaque relance
Les trois premiers avaient donc droit à un changement de gommes gratuits et les doublaient sans être repassés par les boxes.
Comprenant qu'il venait de perdre la course, Norris allait ensuite aussi perdre les pédales en commettant des erreurs à chacune des deux relances pour finalement échouer au 6e rang. Visiblement peu à l'aise dans ces conditions, il a montré ce qu'il lui manquait encore lorsque le matériel ne fait pas la différence. Le championnat pilotes est plié ce que regretteront bien sûr les amateurs de suspense.
"Je n'étais vraiment pas à l'aise, Max aurait pu me prendre un tour," avoua un Norris dépité après que le ciel lui soit tombé sur la tête. La veille encore, il avait en effet remporté la course sprint et croyait encore au titre. Désormais, ses chances ne sont plus que mathématiques.
Le jackpot d'Alpine, Red Bull doit virer Pérez
Il va maintenant falloir s'intéresser plutôt au championnat des constructeurs où Alpine a réalisé une superbe opération en passant de la 9e à la 6e place grâce au double podium totalement inespéré d'Esteban Ocon et de Pierre Gasly. Voilà de quoi mettre bien du baume au coeur de Renault. Il va maintenant falloir essayer pour les Français de conserver ce rang et les 50 millions de gains supplémentaires qui vont avec.
Du côté de Red Bull, il va également falloir réfléchir. Car Max a de nouveau repris des points à McLaren et Ferrari. Et là aussi il y a des dizaines de millions en jeu.
Il faut définitivement réussir à mettre dehors Sergio Pérez, encore revenu bredouille ce week-end, et placer Liam Lawson à côté de Max pour les trois derniers GP. Car avec 49 points entre McLaren premier et Red Bull troisième, tout reste jouable pour autant d'avoir deux pilotes capables de marquer des gros points. Ce qui n'est plus le cas du Mexicain depuis longtemps. Mais juriquement appamment, ce ne serait pas simple de remercier "Checo". Ni pour 2025 et encore moins avant...
Mauvais jour pour Hamilton et Alonso
Grosses déceptions aussi ce dimanche pour Lewis Hamilton et Fernando Alonso qui ont souffert et n'auront été que l'ombre des grands champions qu'ils ont été. Dans les conditions où le talent pur et la prise de risques font la différence, les deux plus anciens ont peiné. On l'a déjà dit et on le répète, place aux jeunes même si Colapinto et Bearman ont aussi cassé pas mal de bois ce week-end.
Sur une piste humide gommant les imperfections de sa RB20, Max a en tout cas confirmé qu'il restait bien le meilleur pilote au monde toutes générations confondues. Un bientôt quadruple champion du monde.
« C'est simplement adorable, » déclara à la radio Max après avoir franchi le drapeau à damier pour reprendre ironiquement l'expression de son ami et rival. Une gifle supplémentaire à Lando qui, ce dimanche, a pu mesurer ce qu'il lui manquait encore pour devenir, un jour peut-être, champion du monde.