Alors que se profile ce week-end à Singapour l'un des Grands Prix les plus difficiles de la saison, beaucoup se demandent ce qu'il se passe réellement avec un Max Verstappen accusant soudainement sa Red Bull de tous les maux.

Sept Grands Prix sans succès, c'est la plus grande période sans victoire pour Max depuis 2020. Mais pire encore, depuis deux courses, il n'est même plus capable de lutter pour le podium. Septième au départ et sixième à l'arrivée à Monza. Sixième sur la grille et cinquième au final après le crash de Sainz et Pérez à Bakou, cela ne lui ressemble pas du tout. En Azerbaïdjan, pour la première fois de l'année, il a été devancé de deux dixièmes en qualifications par son équipier mexicain à qui il collait habituellement une demie seconde. Et il ne l'a point rattrapé en course. Ce n'est pas normal du tout.

OK, la RB20 n'est pas la meilleure des monoplaces conçue par un Adrian Newey en partance. Son comportement est erratique, passant du sous au survirage, avec une tendance à rebondir soudainement fortement. Mais, tandis que Christian Horner dit chercher les solutions, que le développement de la RB21 a été suspendu pour tenter de rendre la monoplace actuelle plus compétitive avec des évolutions attendues pour le prochain GP du Texas à Austin, Max semble baisser les bras.

Attitude défaitiste

Alors qu'il possède pourtant encore une solide avance de 59 points que personne n'a jamais réussi à surmonter en sept GP (et il est vrai trois courses sprints), Verstappen a une attitude totalement défaitiste qui ne lui ressemble pas du tout. Alors que Red Bull songe déjà avoir perdu le titre constructeurs mais veut à tout prix sauver les meubles et préserver la couronne de son triple champion, ce dernier, pourtant l'un des plus grands combattants de l'histoire de la F1, prétend qu'il peut faire une croix sur la couronne. Sa manière à lui de mettre son équipe sous pression, de les inciter à mettre les bouchées doubles ? Possible.

Il est soudainement devenu bon perdant. Après l'arrivée à Bakou, on l'a vu transgresser la règle de la voiture de sécurité virtuelle pour aller féliciter son rival et ami Lando Norris. Ce n'est pas le Verstappen qu'on connaît. Le jeune pilote McLaren (ou du moins son équipe) l'a remercié en portant plainte contre lui pour avoir dépassé sous jaune après le drapeau à damier ! Mais là encore, on n'a entendu aucun riposte d'un Max comme résigné alors qu'il perdrait un million de prime par course non gagnée et que la perte du titre mondial pourrait lui en coûter cinq à dix fois plus.

De loin, et sans être du tout psy, on a l'impression d'une dépression, d'un certain fatalisme.

Et l'on a été très surpris au soir du GP des Pays-Bas perdu à domicile sans même réellement essayer de se battre de sa déclaration publique : « Si les règles avaient été respectées à Abu Dhabi en 2021, Lewis serait octuple champion du monde. » Et donc lui-même n'aurait que deux couronnes.

Pourquoi avouer ce que beaucoup de monde pense depuis trois ans alors qu'il est en état de faiblesse ? Cela va contre les intérêts de Red Bull. Et doit faire grand plaisir à Lewis Hamilton, mais aussi à Toto Wolff, le boss de Mercedes qui n'a pas caché son souhait d'attirer Max dans son écurie. Il nous a avoué qu'il était même prêt à repousser l'engagement d'Andrea-Kimi Antonelli pour cela. Voire à éventuellement ne pas renouveler le contrat de George Russell fin 2025 si une opportunité se présentait.

Clauses de résultats

A cette drague permanente de son grand rival, Christian Horner, le patron de Red Bull a toujours répondu que Max avait un contrat en bonne et due forme jusqu'en 2028. Autrement dit, il n'est pas autorisé à partir. Helmut Marko n'arrête pas ces derniers temps d'insister sur la loyauté de Max qui doit beaucoup à Red Bull qui l'a lancé en F1. L'Autrichien loue sa reconnaissance avec insistance. Car il craint justement qu'il s'en aille comme Adrian Newey, Jonathan Weathley et bientôt le moteur Honda? C'est bien possible. Mercedes est prêt à mettre un paquet d'argent sur la table pour l'attirer, tandis que Lawrence Stroll, on vient de le voir avec Newey, a les moyens de convaincre Max qui a besoin de beaucoup de millions pour assurer son futur et monter sa propre équipe de GT3.

Il ne faut pas oublier non plus que Jos Verstappen a toujours beaucoup d'influence sur son fiston. Et que l'ex-pilote de F1 devenu rallyman a toujours un gros oeuf à peler avec Christian Horner depuis le début d'année et cette affaire aujourd'hui étouffée de harcèlement d'une jeune femme qui aurait visiblement aussi été la maîtresse de « Jos the Boss ».

Mais Max a toujours prétendu que ce qui comptait le plus pour lui c'est d'avoir une voiture pour gagner des courses et des titres. Et en ce moment, il est bien difficile de dire qui de Red Bull, Mercedes ou Aston Martin aura la meilleure monoplace en 2025, 2026 et après.

Tout le monde sait qu'il y a des clauses de résultats dans les contrats de champions comme Verstappen. Sa soudaine perte de motivation et de résultats serait-elle liée à cela ? La question que l'on se pose est la suivante : Max Verstappen serait-il prêt à perdre un 4e titre mondial volontairement pour avoir le droit de quitter Red Bull et de signer pour le futur avec Mercedes ou Aston Martin ?

Singapour, le cauchemar de Max

Bien sûr, il ne nous répondra pas. Et l'on attendra les prochaines courses et surtout son comportement fin de saison pour savoir si l'on peut étayer cette thèse ou pas.

Une fin de championnat qui s'annonce très intéressante à plus d'un titre avec le retour aux avant-postes de Ferrari et Charles Leclerc qui n'a pas dit son dernier mot au championnat, la lutte interne chez McLaren entre Lando Norris et un Oscar Piastri s'affirmant de plus en plus, un Sergio Pérez toujours bien décidé à sauver sa peau et deux pilotes Mercedes qui souhaitent encore gagner des courses : Russell pour montrer qu'il a la bien la carrure d'un futur N°1 et champion. Lewis Hamilton pour montrer à Ferrari et Leclerc qu'il est toujours au top.

Dans la lutte pour le titre, le GP de dimanche s'annonce très important. Car tout le monde sait que même jadis avec la meilleure monoplace du plateau, Max Verstappen n'a jamais eu beaucoup de réussite ici. En sept participations, il n'a jamais réussi à s'imposer et n'est montré qu'à deux reprises sur le podium, 2e en 2018 derrière Lewis et 3ème en 2019. L'an dernier, alors qu'il a remporté 19 GP, il n'a terminé que cinquième à Singapour après avoir échoué en Q2 derrière le débutant Liam Lawson. Alors qu'en sera-t-il cette année avec une auto et un moral diminués ?

Norris doit battre la concurrence et surtout Piastri

Après avoir loupé le coche en Azerbaïdjan où il n'a grappillé que quelques points, Lando Norris a la pression. Cette fois, s'il veut que l'on commence réellement à croire en ses chances et que McLaren continue à lui donner la priorité, il doit dominer ses concurrents et surtout son équipier Piastri. Car si l'Australien termine à nouveau devant lui, Lando pourra difficilement encore prétendre qu'il est le leader et rêver de titre. A moins que son ami Max ne lui offre volontairement sur un plateau d'argent...

Avouez que cela ferait un beau scénario Netflix. Pur fruit de notre imagination ? Peut-être. Mais en F1, tout est possible.

Photo Georges Decoster

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