Pierre Gasly (Alpine): « Jack Doohan n'est pas dans une situation simple »

Londres était la capitale de la Formule 1 ce mardi. La grande présentation de la saison 2025, la 75e de l'histoire de la F1, a eu lieu ce mardi soir à l'O2 Arena. Un méga show devant 18.000 spectateurs lors duquel ont été présentées les dix nouvelles monoplaces, les 20 pilotes et les dix teams-managers.
En guise d'apéro, plusieurs présentations et rencontres ont déjà eu lieu dans l'après-midi. Cela a notamment été le cas de l'Alpine A525 devant un parterre très réduit d'invités et de journalistes spécialisés.
« On espère pouvoir viser le Top 5 chez les constructeurs »
En tant que seul représentant de la presse belge, nous avons pu découvrir en avant-première la nouvelle monoplace d'Enstone revenue au bleu électrique (la couleur de la marque) à la place du carbone de 2024 et bien sûr le rose en référence à leur principal sponsor BWT.
« J'ai l'impression d'assister à la présentation d'une équipe de football, » a plaisanté Flavio Briatore, casquette Alpine vissée sur ses cheveux blancs, en faisant référence aux cinq pilotes assis sur le banc à ses côtés. Avec les deux titulaires Pierre Gasly et Jack Doohan, mais aussi les trois réservistes, Ryo Hirakawa, Paul Aron et surtout Franco Colapinto. « Chaque année à cette époque, c'est pareil. Tous les teams disent que leur voiture est fantastique et qu'ils vont faire mieux que l'année d'avant. On verra déjà plus clair dans dix jours à Barheïn, puis surtout en Australie. »
Il est temps que la saison commence pour le patron d'Alpine Luca di Meo : « Car les week-ends sont ennuyeux sans F1. » Et d'ajouter : « Je me suis rendu à Enstone ce matin et le boss (c'est ainsi qu'il surnomme Flavio Briatore ) a donné un nouveau souffle à l'équipe. On sent une nouvelle harmonie. On espère vraiment commencer l'année 2025 dans la même dynamique positive qu'on a fini 2024. »
Pour sa troisième année en rose, Pierre Gasly se dit confiant : « Honnêtement, lors de la présentation de 2024, on savait que l'auto n'était pas bien née et qu'on allait galérer lors des premiers GP. Et cela a été le cas. Mais l'équipe a bien réagi. On a eu la plus belle progression sur l'année et on va tenter de construire là-dessus. C'est la dernière année d'une règlementation et cela s'annonce très serré. On a fini 6e des constructeurs en 2024 et on aimerait bien gagner une place cette année. Battre Aston Martin. Les quatre premiers ont un peu trop d'avance. Mais on espère que les écarts seront faibles et que l'on pourra s'immiscer de temps en temps parmi eux et profiter de l'une ou l'autre occasion pour signer des excellents résultats comme lors de la fin de saison dernière avec notre double podium au Brésil. »
Et le Français de nous parler de son nouvel équipier, Jack Doohan, l'Australien qui a débuté en F1 chez Alpine lors du dernier GP d'Abu Dhabi. Et à qui la rumeur donne encore cinq courses avant d'être remplacé par Franco Colapinto, la nouvelle coqueluche de la F1. Ce mardi, quelques heures avant la conférence de presse, Alpine a officialisé la signature d'un contrat avec un gros sponsor latino-américain soutenant le jeune Argentin. Cela ne doit vraiment pas être facile à vivre pour ce pauvre Jack...
« C'est vrai, il n'est déjà pas facile de débuter en F1, » avoue le pilote français. « Je connais Jack depuis un certain temps et je l'apprécie. C'est un bon pilote. S'il est là, c'est qu'il mérite sa place. J'essaie de l'aider comme je peux car j'ai vécu une situation un peu comparable à l'époque chez Red Bull. La F1 est un milieu très compétitif. Ce n'est pas la situation médiatiquement la plus simple pour lui. Je lui ai dit qu'il devait prendre du plaisir. Et ne pas se laisser gâcher la vie par les rumeurs. La décision se fera sur la piste. A lui de montrer ce qu'il sait faire. »
Doohan : « J'essaie de ne pas lire les médias »
Après une première table-ronde, Jack Doohan nous rejoint... « Mon objectif 2025 ? Extraire un maximum du potentiel de la voiture. » Et cette pression comment la vit-il ? « Je ne m'intéresse pas à Colapinto. J'essaie d'ignorer ce que racontent les médias, de ne pas prêter attention aux rumeurs. Je me concentre sur moi-même, sur ma préparation, sur ce que je peux contrôler. Je suis déterminé à donner le meilleur de moi-même comme je l'ai toujours fait. Quand vous faites du sport auto, à fortiori de la F1, vous êtes soumis à énormément de pression. Cela fait partie du métier et cela ne me dérange pas. Cela me motive plus tôt. Je suis heureux d'avoir ma chance. Beaucoup ne la reçoive jamais. Je suis très reconnaissant pour cela envers mon père. Je lui dois tout de A à Z. Il est fier de moi et essaiera de venir me supporter le plus souvent possible. Je vais essayer de faire abstraction de tout ce qu'il y a autour, de tout ce qu'on radote et d'en profiter. »
« Il n'y a pas de garantie de nombre de courses »
Mais que doit-il faire pour ne pas être viré après cinq courses, la durée effective de son contrat selon beaucoup ? «Il est difficile de répondre à cette question avec un chiffre, une place. On sait qu'il est débutant. Cela va aussi dépendre du niveau de la voiture, de ce que fait Pierre, une bonne référence pour lui, » répond franchement Oliver Oakes, le directeur sportif du team. « Jack sait qu'il devra directement performer. Dans ce sens, c'est bien de débuter la saison à domicile. Pour la suite, on verra. Il n'y a pas de garantie de nombre de courses ou d'échéance stricte fixée. Tout le monde le voit déjà d'office dehors après quelques GP. Ce n'est pas vraiment exact. Il fait partie des 20 pilotes au monde sur la grille. Il a une vraie chance de prouver ce qu'il sait faire. On est tous derrière lui. C'est un bon pilote, je le connais depuis quelques années. Il travaille dur. Je suis frustré de la manière dont la presse lui met la pression. Engager Franco Colapinto est un bon choix pour l'avenir. Mais Jack aura l'occasion de prouver qu'il est au moins aussi bon que lui. Je veux qu'il oublie un peu ce contexte stressant et qu'il prenne du plaisir. »
Photo Alpine