Carnets de Jan Muylaert - Pas cher, mais pas loin

il y a 11 mois

L'annonce de la Citroën ë-C3 électrique à 23.300 euros a été accueillie par les hourras des médias. Enfin une offre abordable pour les particuliers ! Cependant, il y a un aspect que tout le monde semble oublier : il faudra se contenter d’une autonomie limitée…

23.300 euros, c’est en effet un prix relativement bas pour un véhicule électrique. Mais c’est toujours pas mal de milliers d’euros de plus que pour modèle similaire à moteur essence, même après déduction des avantages fiscaux. Cette Citroën pourra-t-elle donc convaincre les particuliers de passer à l’électrique ? En Flandre, ça leur sera en tout cas plus facile que dans le reste du pays, puisque les acheteurs vont bénéficier de la prime à l’achat de 5.000 euros, accordée aux véhicules de maximum 40.000 euros. Ce qui ramènera le prix de la Citroën ë-C3 à seulement 18.300 euros, ce qui en effet est très compétitif vu que l’utilisation d’une voiture électrique, surtout si on charge chez soi, est moins chère qu’une essence.

Il reste toutefois à vérifier si cette belle « ristourne » suffira à provoquer une ruée vers les concessions. Car jusqu'à présent, si de nombreux particuliers ont hésité à franchir le pas en raison du coût élevé de la plupart des VE, la question de l'autonomie limitée a également toujours été un frein.

L'autonomie, éternel talon d'Achille

Les VE les moins chers sont équipés de batteries de plus petite capacité. Logique, puisque les batteries représentent en moyenne 40% du coût de production total d'une voiture électrique. Or, qui dit batterie plus petite, dit autonomie réduite. Les constructeurs ont beau faire de gros efforts pour réduire le poids de leurs modèles à batteries, l'autonomie reste leur talon d’Achille.

Pour la ë-C3 aussi, cela risque d’être unfacteur d’hésitation dans le chef de nombreux acheteurs potentiels. Avec une capacité de batterie de 44 kWh, Citroën annonce une autonomie WLTP de 320 kilomètres. Certes, ça devrait suffire pour les usagers urbains, qui ne parcourent pas de longues distances sur autoroute. Mais attention, l'expérience montre que les chiffres WLTP sont souvent difficiles, voire impossibles à atteindre dans la pratique. Même en adoptant une conduite économique, en activant le mode ECO, et sans climatisation, l'autonomie réelle est souvent 50 à 60 kilomètres inférieure à celle annoncée par le constructeur. La balle est maintenant dans le camp de Citroën, qui devra prouver que son modèle abordable peut réellement atteindre son autonomie théorique. 

Or, il reste un obstacle à cette démonstration. La ë-C3 est équipée d'un chargeur triphasé de 11 kW, et peut également supporter une charge rapide jusqu'à 100 kW, permettant de passer de 20 à 80 % de niveau de charge en une demi-heure. Voilà justement un aspect à prendre en compte, qui vaut pour tous les VE. Pour prolonger la durée de vie de la batterie, il est recommandé de limiter la charge à 80% de sa capacité maximale. En toute logique, cela signifie que la voiture dispose de 20% d'autonomie en moins que la valeur théorique. Et n’oublions pas que des conditions météorologiques défavorables peuvent réduire encore l'autonomie, de même que l'usage intensif et la dégradation de la batterie. Tout cela pour dire : après quelques années d'utilisation, quelle d'autonomie restera-t-il à une voiture dotée d'une petite batterie ?

Soyons francs, Citroën mérite d’être salué pour avoir développé un véhicule électrique spacieux et abordable pour le grand public, qui est enfin une alternative européenne aux « agressives » chinoises. Les constructeurs – notamment français – prennent le taureau par les cornes, et Citroën annonce même pour 2025 une version d'entrée de gamme (équipée d'une batterie plus petite encore), à moins de 20.000 euros. Quant à savoir ce qu’il en sera des primes à l’achat d’ici-là, mystère...

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