Les carnets de Jan Muylaert : la voiture autonome au point mort
L’enthousiasme entourant la future voiture autonome est bien retombé depuis que des constructeurs importants ont retiré la prise d’investissements gargantuesques…
Ford et VW comptent parmi les acteurs qui avaient misé gros sur la voiture autonome, mais qui n’y croient désormais plus. Les énormes coûts de la recherche et la faible perspective de retour sur investissement auront donc nuit au développement de la voiture qui se conduit toute seule.
Par ailleurs, les constructeurs doivent aussi faire face aux coûts de production élevés des voitures électriques, qui ont évidemment la priorité. Or, quand on impose aux constructeurs la transition électrique du parc automobile, il ne reste forcément plus d’argent pour la voiture autonome. D’ailleurs, personne ne demande vraiment une voiture autonome, qui augmenterait certes la sécurité, mais reste un produit de luxe. Les constructeurs, qui vendent déjà des voitures électriques plus chères que les équivalentes thermiques, ne l’ignorent pas.
Le parallèle avec la voiture électrique ne s’arrête pas là. De la même manière que la voiture électrique a débarqué alors que l’infrastructure était (et est toujours) très insuffisante, la voiture autonome exigerait d’importants investissements dans l’infrastructure routière. Et inutile de dire que les gestionnaires des voiries ne se pressent pas !
Mais tout vient à point à qui sait attendre. Dès que l’électrification du transport sera sur des rails, on se réintéressera à l’aspect sécurité. Et c’est là que la voiture autonome aura une carte à jouer, même si cela exigera, à nouveau, d’importantes dépenses pour les gouvernements.
Ma prévision ? La voiture autonome n’arrivera jamais. En tout cas pas sous la forme qu’imagine la majorité des automobilistes : une voiture entièrement automatisée, qui vous emmène de chez vous à destination sans intervention humaine. Pure utopie ! La mobilité individuelle sera un jour le vestige du siècle dernier et de la première moitié de celui-ci. Ce jour-là, nous nous déplacerons peut-être dans… des autobus autonomes !
L’auto, reine du shopping de Noël
En attendant, l’auto a encore de beaux jours devant elle. Prenez l’exemple du projet Park and Ride mis en place en décembre dernier à Anvers durant le week-end de shopping de Noël, qui n’a guère été un succès. Ce week-end-là, les chasseurs de cadeaux pouvaient garer gratuitement leur voiture aux abords de la ville, et se rendre dans le centre en tram. Les rues commerçantes étaient pleines à craquer, mais le Park and Ride est resté à peu près vide… A coup sûr, une occasion manquée de réduire la pression automobile dans le centre de la ville. Mais il sera difficile de faire en sorte que les visiteurs occasionnels et les touristes adhèrent à la formule à l’avenir, sachant qu’il est toujours possible de stationner en plein centre. Ces visiteurs occasionnels affronteront donc le trafic sans trop râler, car après tout, c’est juste une sortie. D’autant que l’alternative est un trajet en tram qui peut prendre un quart d’heure… ou 40 minutes. Et encore, si l’offre de trams et de bus est généreuse. La solution pour convaincre les visiteurs serait d’augmenter les tarifs de stationnement. Mais la mesure pourrait aussi avoir un effet dissuasif. Demandez donc au Conseil communal de Gand qui, à cause de sa politique de stationnement, voit ses artères commerçantes désertées par les visiteurs de l’extérieur…
Discutons-en sur notre page Facebook Auto Trends Magazine.
Jan Muylaert a abordé tous les sujets dans les grands quotidiens flamands, mais le fil rouge de sa carrière est sa passion pour l'auto, et pour tout ce qui touche à la mobilité. Pendant un mois, il a pris note pour Auto Trends Magazine de ce qui l'a marqué, avec son regard avisé et sa plume aiguisée.