Epreuve à part du calendrier mondial, le Rallye Safari du Kenya a souvent souri aux marques japonaises. En septante-deux éditions, les Datsun, Nissan, Mitsubishi, Subaru et surtout Toyota se sont imposées à 37 reprises, soit plus d'une fois sur deux. Un total de douze victoires pour cette dernière.

Le dernier succès d'une non nippone remonte à 2002 avec la Ford Focus du regretté Colin McRae.

Depuis la réintroduction de l'épreuve africaine en WRC en 2021, les Yaris restent invaincues. Mieux que cela, elles ont signé à Nairobi deux doublés et deux quadruplés. Sur les quatre dernières éditions, l'équipe de Jari-Matti Latvala et maintenant Juha Kankkunen n'ont raté que deux trophées avec les troisièmes places sauvées par Ott Tanak (Hyundai) en 2021 et Adrien Fourmaux (Ford) l'an dernier.

Vous avez bien lu. Un seul podium pour Hyundai et aucun pour Thierry Neuville sur cette course où le Belge n'a signé que deux modestes 5e places en 2022 et 2024. Un peu logique sur une joute où la fiabilité des autos est mise à rude épreuve. Et ceux qui suivent le WRC depuis longtemps savent que c'est justement le point fort de Toy' et justement le talon d'Achille des Coréens.

Une cruelle vérité que Cyril Abiteboul, le directeur sportif de Hyundai Motorsport, aimerait bien évidemment démentir. D'où une approche très prudente. Pour cette troisième épreuve du Mondial s'étendant sur quatre jours avec déjà deux spéciales ce jeudi, Hyundai qui fait sans doute sa dernière apparition officielle au Safari avant longtemps (le constructeur devrait annoncer son retrait du WRC fin du mois) a donc décidé de jouer la carte de la sécurité en ressortant sa monture 2024.

Dans le camp des orange et bleu, on n'ose pas parler de première place, mais timidement de podium. « Le début de saison n'a pas été celui souhaité, » confirme le boss français après deux premières défaites et déjà 48 points de retard chez les constructeurs et 32 chez les pilotes pour le champion Neuville face à Elfyn Evans. « Notre but est de combler petit à petit notre handicap et de récupérer des unités face à nos rivaux. »

Autrement dit, sans clairement viser la victoire, Hyundai espère marquer plus de points que Toyota et Thierry Neuville engranger plus d'unités que son adversaire gallois. Une tâche ne s'annonçant vraiment pas aisée pour l'armée d'Alzenau en mode survie et économie.

« C'est dur comme en Grèce, mais ici la surface peut rapidement évoluer en fonction des conditions météorologiques, » explique Thierry Neuville. « Nous sommes dans la saison des pluies. On va donc affronter la boue ce qui peut aussi réduire considérablement notre visibilité. »

Et avait conduit à son crash dans un arbre il y a deux ans. « Il faut savoir préserver sa monture ici, éviter les embuches, les bourbiers, les ornières, les arbustes, les animaux sauvages. C'est un challenge différent mais excitant. Il faut toujours un peu de chance pour triompher ici. Celle que je n'ai pas eue lors des quatre précédentes éditions. J'espère que la roue va tourner et que je pourrai enfin goûter au podium. »

A priori, hormis sans doute notre  « gentleman-driver » Jourdan Serderidis qui revient se faire plaisir avec sa Puma sur un continent qu'il adore, les neuf autres pilotes de WRC1 peuvent prétendre aux honneurs.

Tenant du titre sur le sol africain, Kalle Rovanpera aura certainement à coeur de réitérer son exploit de 2024 et d'ainsi se relancer au championnat après un début de saison décevant. Mais ses équipiers Elfyn Evans et Takamoto Katsuta ont le vent en poupe après avoir brillé en Suède.

Dans le camp adverse, Ott Tanak et Adrien Fourmaux sont les deux seuls pilotes non-Toyota à avoir déjà ramené une coupe d'Afrique. Ils connaissent donc le chemin du podium.

Enfin du côté de Ford, Josh McErlean sera, tout comme Sami Pajari, en mode découverte, tandis que Grégoire Munster sait qu'il a une belle carte à jouer avec sa Puma. Le second Belge ne veut pas laisser passer sa chance de décrocher ici un Top 5. Car il sait que ce sera sans doute encore plus difficile que l'an dernier ailleurs...

Photo Hyundai