Loeb en héros, Ogier en zéro
Les deux plus grands champions de rallye ont connu des fortunes diverses ce week-end.
En France, du côté du Mont-Blanc, Sébastien Loeb et sa charmante compagne Laurène Godey, ont offert à l'Alpine A110 moderne son plus beau succès général dans un décor majestueux. Une victoire de grande classe, devant les Citroën C3 Rally 2 de Leo Rossel et Yoann Bonato. A cinquante ans, l'Alsacien n'a quasi rien perdu de son talent et de sa popularité. Un grand monsieur. Et une excellente opération de marketing. Sûr que des bons de commandes de voitures et de kits sport vont rentrer ce matin auprès de la marque française.
A quelques milliers de kilomètres de là, son compatriote Sébastien Ogier s'est aussi illustré, mais de manière nettement moins positive.
Dix ans plus jeune, le Gapençais n'a jamais eu sa langue en poche. Les dirigeants de Pirelli en savent quelque chose...
Vendredi matin, à l'issue de la première spéciale où la poussière a gêné quelque peu les concurrents partis derrière Thierry Neuville, il a déclaré au point stop: "On avait dit que trois minutes ne seraient pas suffisantes. On en avait demandé quatre. Ils ne nous ont pas écoutés. Et puis cela nous parle de sécurité à la FIA. Qu'ont-ils donc dans la tête? Rien. C'est fou..."
Les derniers mots injurieux lui ont valu une convocation auprès des commissaires sportifs. Après l'avoir écouté, les officiels lui ont infligé une amende avec sursis de 30.000 euros.
Le soir même, face aux micros de WRC, le Français, frustré après des soucis de turbo lui ayant fait perdre le leadership, a essayé de mettre la pression sur Thierry Neuville en le provoquant.
"Au lieu de pleurer parce qu'il doit faire la trace, il ferait bien d'apprendre à ouvrir la route. Je lui ai collé 45 secondes en m'élançant juste derrière lui."
Un vrai coup en dessous de la ceinture d'un Ogier qui était le premier à se plaindre à longueur de rallyes quand lui devait balayer. Et qui a oublié que Thierry a été victime de soucis de moteur lors de la première boucle matinale. Car justement, notre compatriote a démontré cette année qu'il limitait habituellement très bien les dégâts malgré son handicap d'ouvreur.
Mais le but était bien évidemment d'essayer de déstabiliser l'orgueilleux Neuville, de le provoquer, le déstabiliser pour qu'il s'énerve, accélére un peu la cadence et commette une faute. Ce que le pilote Hyundai n'a pas fait. Même ce piège-là, un "TN" plus mature a réussi à l'éviter.
Samedi matin, il a même salué Sébastien Ogier au moment où ce dernier s'élançait.
Au final, c'est Sébastien Ogier qui s'est pris les pieds dans le tapis. Alors qu'il était en passe d'empocher les 12 points du dimanche, l'octuple champion a crevé et est parti à la faute. Et même s'il a pu sauver les treize unités du samedi en ramenant sa Yaris à l'assistance, il a perdu gros. Sans doute ses dernières chances d'aller chercher un 9e titre.
Conscient qu'il avait peut-être poussé le bouchon un peu loin et que ses propos peu sportifs avaient été très mal perçus même par les fans français, Seb Ogier a posté une photo de lui dans l'avion le ramenant à la maison avec le commentaire suivant: "Je suppose qu'il y a eu un peu de Karma à la fin... "
Il a joué, il a perdu. "Heureusement quand même que je suis-là pour mettre un peu d'animation, sinon on s'emmerde," a-t-il quand même ajouté avant au final de féliciter "Thierry Neuville et Hyundai pour leur brillant sans-faute."