Thierry Neuville champion au rabais ? Pas du tout !

La Belgique a un incroyable talent pour les sports mécaniques. Imaginez qu'après Stoffel Vandoorne sacré en Formula E en 2022, Dries Van Langendonck champion du monde de karting junior l'an dernier, Laurens Vanthoor titré en WEC il y a trois semaines, nous avons donc un quatrième champion du monde en deux ans.
Bien sûr, il y aura toujours certaines mauvaises langues pour prétendre que notre compatriote a décroché un premier titre mondial au rabais. Pourquoi ? Car le jeune prodige et double champion Kalle Rovanpera a pris une année sabbatique et compte néanmoins le double de victoires que lui en WRC 2024. Car l'octuple champion Sébastien Ogier n'a pas pris le départ de trois manches et car il n'y avait que trois réels candidats à la couronne en début d'année. C'est un peu comme si Charles Leclerc ou Lando Norris était couronné en l'absence de Max Verstappen et de Lewis Hamilton.
Mais ne dit-on pas généralement que les absents ont toujours tort ?
En fait, la lutte pour le trophée suprême a au final opposé jusqu'en Europe Centrale quatre pilotes dont deux anciens champions. N'y a-t-il pas aussi des années où Seb Loeb ou Ogier n'ont eu que très peu de réelle concurrence ? Est-ce la première fois que cinq pilotes seulement ont participé à toutes les manches du Mondial ? Non.
Maturité
De toute manière, quand on a déjà été sacré à cinq reprises vice-champion, la première place (avec au final 32 points d'avance sur son dauphin gallois) n'est qu'une juste récompense pour un pilote talentueux n'ayant jamais baissé les bras.
Que les plus sceptiques se rappellent de quelle brillante manière Thierry a remporté en janvier dernier son deuxième Monte-Carlo. En prenant le meilleur sur le héros local et détenteur du record Sébastien Ogier. Un Gapençais roulant pourtant sans aucune pression. Et que notre représentant a réussi à faire craquer à quatre reprises lors des trois derniers rallyes.
Leaders depuis le Monte-Carlo, Thierry et Martijn Wydaeghe ont mené la saison d'un bout à l'autre en gérant parfaitement leur avance, mais aussi l'handicap de leur rôle d'ouvreurs sur la terre. A la manière d'un Loeb ou d'un Ogier jadis.
C'est un Neuville totalement mature et maître de son sort (il a seulement craqué et commis trois petites fautes cette année en Sardaigne puis en Autriche quand il voulait joindre le panache pour être sacré devant sa famille et ses fans) qui a inscrit son nom au palmarès du Mondial. Une grande première pour un rallyman belge.
Libéré de ce poids devenu au fil des ans un véritable fardeau, il pourrait devenir encore meilleur en 2025. Et donner encore plus de grandeur à ce premier titre en le défendant ardemment face au revenant Kalle Rovanpera.
On a déjà hâte d'être au départ du Monte-Carlo dans moins de deux mois.
Photo Red Bull